LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET LA PIRATERIE EN MER
PARTICIPATIONS AUX ACTIVITES D’INTERPOSTION EN MER
1-ZONES POTENTIELLES D’ACIVITES TERRORISTES ET DE PIRATERIES EN MER
Lorsque le terrorisme agit en dehors des frontières maritimes de l’Etat, ses modes d’action sont voisins de ceux de la piraterie. Seuls leurs buts diffèrent : le terrorisme vise à déstabiliser les Nations de culture occidentale pour leur imposer des règles de vie islamique, ceci par des actes violents et spectaculaires comme des prises ou destruction de navires ou bien captures d’otages ; la piraterie vise à obtenir des moyens financiers par les mêmes voies, mais elle orientera ses actions vers celles les plus financièrement intéressantes telles que captures d’otages ou de navires de charge ou touristiques. Il semble donc judicieux de traiter ces menaces de la même façon.
Les zones privilégiées pour ces actions sont principalement les zones focales de trafic maritime que l’on peut classer comme suit :
-dans le Sud-Est de l’Europe: les détroits de Malacca, d’Ormuz, de Bab El Mandeb et la corne de l’Afrique.
-dans le Sud de l’Europe : le Golfe de Guinée, le Delta du Niger.
-dans l’Ouest de l’Europe : les mers Caraïbes (Nord et Sud).
Ainsi l’on constate qu’un pays européen désirant sécuriser son trafic maritime devrait être capable de faire face à des actes de piraterie ou de terrorisme dans quatre zones éloignées les unes des autres :
-la zone de Malaisie, d’Indonésie et du détroit de Malacca,
-la zone de la corne d’Afrique, du Golfe d’Aden, de la Mer d’Oman et du détroit d’Ormuz,
-la zone Ouest de l’Afrique,
-la zone des Caraïbes Nord et Sud.
Il apparaît alors à l’évidence qu’un seul pays ne pourra assurer seul la sécurisation des ces zones, il conviendra donc d’établir des accords de coopération entre les pays concernés, à commencer par les Nations Européennes et les USA.
Cependant avant tout accord de coopération, il importe que soient définis les concepts de lutte contre ces menaces ainsi que les moyens appropriés pour y faire face. Pour ce faire le thème de sécurisation de la Corne d’Afrique, du Golfe d’Aden, de la Mer d’Oman et du détroit d’Ormuz a été pris en considération.
2-STRATEGIES ET TACTIQUES DES TERRORISTES ET DES PIRATES
A la base de toute action de lutte contre une menace il est nécessaire d’en appréhender les méthodes utilisées pour monter les « coups » de terroristes ou pirates .
D’une façon générale leurs actions sont conduites soit par des petits groupes, soit par une organisation du type « Mafia » disposant de réseaux structurés d’informateurs avec parfois des moyens logistiques conséquents pouvant dans certains pays être proches des autorités locales.
Elles sont de préférence conduites dans les eaux territoriales de l’Etat côtier où elles ne peuvent qu’être qualifiées que de « hold-up ». De plus ces eaux proches de la côte permettent des attentes dissimulées pour des embarcations légères et rapides.
Les tactiques employées correspondent à celles anciennes du banditisme de « grands chemins » . Des petits groupes de 4 ou 5 individus, amenés sur les lieux par embarcations rapides, pour arrêtent le navire visé par tir d’armes ou neutralise l’équipage par escalade. Toutes ces tactiques sont bien connues des Commandos-Marine.
3-STRATEGIE DE LUTTE - MOYENS OPERATIONNELS
Les premières ressources opérationnelles à acquérir concernent les renseignements sur les probabilités d’occurrence dans la zone, les probables lieux d’actions, les types d’embarcations utilisées ainsi que leurs lieux d’attente.
Les sources d’information sont de deux genres :
-l’une primordiale mais lente et différée. Elle est constituée par les réseaux d’informateurs mis en place par les Services spéciaux.
-l’autre en temps réel consiste à faire observer les activités suspectes par les moyens de surveillance mis en place, patrouilles de navires et d’aéronefs
Ensuite il convient d’imaginer le dispositif le plus adapté au contrôle des zones susceptibles d’action de piraterie ou de terrorisme en mer et de mettre en place les moyens opérationnels nécessaires qui devraient comprendre :
-des patrouilleurs et des aéronefs adaptés à l’établissement de « Situation Surface » dans la zone, c’est à dire équipés de moyens de détection de surface et d’un système de transmission de données.
-un navire de commandement capable de :
. faire, grâce au système de transmission de données, la synthèse des situations des activités maritimes fournies par les patrouilleurs et les aéronefs,
. mettre à l’eau et récupérer des embarcations rapides pour les actions d’interception par Commandos-Marine spécialisés ,
. mettre en œuvre quelques hélicoptères pour soutenir les actions des Commandos,
. héberger les Commandos-Marine spécialisés.
On notera que si une telle conception de navires adaptés s’apparente à celui des navires qualifiés « Bâtiments de Projection et de Commandement » du type Mistral. Mais en fait, si l’on les rend aptes à contrer de telles menaces, leurs programmes opérationnels devraient être en moins ambitieux et donc d’un coût moindre. L’on constate que leurs programmes opérationnels ont probablement été conçus pour soutenir une force terrestre mise à terre dans un pays totalement hostile.
S’il s’avérait envisageable de re-concevoir des moyens plus adaptés et d’un coût moins important, il serait alors possible de distinguer les deux catégories de navires suivantes :
-la première catégorie devrait concerner les navires chargés uniquement d’assurer des patrouilles des zones à surveiller et permettant ainsi d’établir une « situation surface » de la zone. Des navires du Type P400 conçus pour la Marine Française devraient convenir.
-la deuxième catégorie devraient concerner les navires capables d’assurer des missions d’interceptions et de contrôle sur informations fournies par les navires de la première catégorie et les aéronefs de patrouille maritime.
-ces navires devraient donc avoir les capacités suivantes :
>être capables de faire une synthèse des situations « surface » et de diriger une opération impliquant des commandos-marine.
>héberger ces commandos et pouvoir les projeter par embarcations spécialisées sur les lieux d’interception.
>être capable de mettre en l’air un hélicoptère pour conduire une interception par cette voie.
-dans la panoplie actuelle des navires de la Marine Française, les navires qui approcheraient la satisfaction d’un tel programme seraient les Frégates du Type Floréal. S’il fallait en concevoir une nouvelle série, il conviendrait de développer leurs capacités de rapides mises à l’eau des embarcations de Commandos.
On notera également qu’un tel concept devrait permettre d’assurer la protection des plates-formes d’exploitations pétrolières off-shore contre des attaques terroristes, celles-ci étant de plus en plus probables dans certaines régions.
4-ZONES POTENTIELLES DE PARTICIPATIONS A DES OPERATIONS D’INTERPOSITION
Les évènements récents du Liban et de la Bande de Gaza montrent que les renforcements en armes et munitions des guérillas opérant dans un Etat côtier peuvent provenir de la mer côtière.
L’utilisation actuellement de frégates pour contre carrer de telles activités apparaît superfétatoire. En effet ces navires ont été conçues pour mener des opérations de guerre navale du type 2 ème guerre mondial, alors que pour prévenir de telles activités les moyens navals n’ont pas besoin d’être aussi sophistiqués.
Comme il semble que ce genre d’opérations se développeront de plus en plus à l’instar de ce qui se produit à terre, il semblerait préférable de se donner les moyens de réaliser les navires du concept présenté au paragraphe précédent. Ce serait certainement une meilleure manière de relancer la construction navale que de construire un troisième « Bâtiment de Projection et de Commandement » du type Mistral.
5- LES COMMANDOS-MARINE.
Origines des commandos-marine
Les Commandos-Marine ont été créés au cours de la deuxième guerre mondiale à l’imitation des Unités SAS Britanniques du même type. Ce sont par essence des formations militaires à faible effectif, opérant isolément et chargées de missions particulières par rapport aux missions normales et habituelles des autre formations militaires. Par essence comme les autres formations elles mènent ouvertement leurs opérations même si elles ont été quelques fois qualifiées de « spéciales », elles ne peuvent s’apparenter en aucune façon avec les unités opérant dans l’ombre parce que menant des actions pour les Services Secrets telle la CIA aux USA.
A la fin de la deuxième guerre mondiale la Marine Nationale a spécialisé 5 Commandos pour des opérations à caractères opérationnels particuliers :
-les Commandos Jaubert et Trépel pour les assauts à partir de la mer en vue d’amorcer une tête de pont pour une opération de débarquement,
-le Commando De Penfentenyo pour la reconnaissance d’un site de débarquement,
-le Commando De Monfort pour effectuer un coup de main sur une côte,
-le Commando Hubert pour l’action sous-marine de nettoyage sous-marin d’une zone de débarquement.
Nouvelles spécialisations des Commandos.
Si récemment leurs spécialisations issus des enseignements du dernier conflit ont été supprimées à part celle du Commando Hubert, les autres Commandos devraient être orientés sur les missions de lutte contre la piraterie et le terrorisme en mer, et comme éléments d’interposition navale décrites précédemment.
Les forces spéciales
Lorsque l’Etat-Major des Armées a créé le Commandement des Opérations Spéciales, défini sur le site Internet du Ministère de la défense comme « Agir autrement », ce qui veut à la fois tout dire et ne rien dire, les Commandos-Marine lui ont été rattachés perdant ainsi leurs caractéristiques de formations adaptées à des opérations particulières à partir de la mer et ou en mer.
De plus il semblerait que, dans le cadre des missions assurées actuellement dans les montagnes d’Afganistan ou que le COS voudrait les leur faire assurer , il y ait une certaine dérive vers des opérations du type des Services Secrets puisque le personnel opère masqué et non identifié.
S’il est certain que ces formes d’emploi, associées à des primes conséquentes en compensation des risques, peuvent enthousiasmer des jeunes militaires audacieux, il n’en reste pas moins que ce n’est pas vraiment l’objectif de la Marine en créant et maintenant en activité ces formations.
Les commandos-marine dans la lutte contre le terrorisme et la
piraterie en mer et le contrôle des frontieres maritimes
Il apparaîtrait beaucoup plus judicieux de les utiliser dans les dispositifs de lutte contre la piraterie ou le terrorisme en mer ou leurs qualifications seraient particulièrement adaptées.
De plus dans les actions de contrôle des Frontières Maritimes, décrites précédemment, la Marine Nationale a besoin de formations du type Commandos pour assurer les arraisonnements de bateaux suspects et éventuellement les saisir de vive force.
C’est donc vers ces missions particulières à caractère essentiellement maritime que devrait être maintenant orientée la formation des personnels des Commandos-Marine et non celles précédemment indiquées, correspondant aux besoins des deux dernières guerres pour compléter les unités de l’Armée de Terre.