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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 18:05

Paris le 15 Mars 2013

 

 

 

PERSPECTIVES  POUR LES ARMÉES FRANCAISES

 

DANS  LES QUINZE PROCHAINES ANNEES

 

Septième partie

 

LA MARINE ET LES FORCES AERONAVALES

 

DANS LA LUTTE CONTRE LA PIRATERIE

 

 

Avertissement : La plus grande partie des informations, contenues dans le présent article, proviennent de l’excellente étude de Novembre 2012 de Hugues Eudeline intitulée « Contenir la piraterie » et publiée dans le Focus stratégique n° 40 de l’IFRI.

 

1- DE LA PIRATERIE

 

1-1 Type d’activité

 

C’est une activité maritime qui relève à la fois de la criminalité et de la politique. Elle relève de la criminalité lorsqu’il s’agit d’enlèvement de personnes avec demande de rançon, elle relève de la politique lorsque profitant d’un Etat failli ses populations côtières capturent soit les marchandises transportées soit les navires, le tout pour soit s’enrichir directement soit pouvoir procéder à d’autres actes de piraterie.

 

1-2 Menaces politiques et économiques de la piraterie

 

La piraterie a un coût humain donc politique et économique.

Son coût humain est lié aux effectifs mobilisés pour la combattre, son coût économique est lié essentiellement aux détournements des marchandises qui ne rejoignent pas le destinataire de l’expéditeur mais sont écoulés sur d’autres destinataires détermines par les pirates et à leurs profits

 

1-3 Régions sensibles et motifs de la piraterie

 

Les principales régions où sévissent des activités de piraterie peuvent être classées comme suit :

- l’Asie du Sud-Est, où dans l’archipel malais, dénommer « archipel de la piraterie », cette activité était reconnue comme un métier au même titre que la pêche. Dans cette région les flux maritimes étaient contrôlés par les chefs locaux.

- le Golfe de Guinée, où la menace est qualifiée de « pétro-piraterie » et où règne une forte corruption tant de la part de l’Etat par « le bunkering » que des particuliers.

- la Somalie où les causes de la piraterie sont liées à 20 ans de défaillance de l’Etat conjuguée à sa situation géographique prés du détroit de Bab-el-Mandeb et du détroit d’Ormuz.

 

1-3 Types d’Attaques

 

Les attaques se produisent généralement de nuit, entre 01h00 et 03h00, dans les zones dites « à risques » (Asie du Sud-Est, détroit de Malacca, sud de la Mer Rouge, golfe d’Aden, côtes de Somalie, golfe de Guinée…) en haute mer ou dans les zones de mouillage.

Seule une veille attentive ainsi qu’une réaction rapide de l’officier de quart par une manœuvre ou par le déclanchement de l’alarme générale peuvent éventuellement les pirates de poursuivre leur action.

Depuis 2006, les navires cargos possèdent tous un système « d’alarme silencieuse » par satellite en réponse au développement de la piraterie. Ce système d’alarme, activé manuellement à bord de deux endroits gardés secrets, n’a aucune manifestation physique sur le navire mais envoie des données par communication satellitaire.

 

 

Types

Zones d’action

Compétence nautique

Profitabilité

Observations

1

Rade,

Rade foraine

Très faible

Très faible

Larcins

Incursion discrète

2

Détroits

Canaux

Eaux resserrées

Faible

Larcins

et Argent

Prise d’otage brève

3

Toutes eaux

Bonne

Forte rançon

pour l’équipage

Prise de contrôle de longue durée du Navire

4

Toutes eaux

Excellente

Forte

Vol de la cargaison

Prise de la manoeuvre pendant un temps limité

5

Toutes eaux

Excellente

Forte

Vol du navire

Prise de la manoeuvre définitive

6

à terre

à bord du navire cible

Non nécessaire

Moyenne

Extorsion de fonds

Action de la terre vers la mer

7

Zones côtières

Excellente

Très forte

Attaques de villes

Action de la mer vers la terre

 

 

1-4 Modes d’action

 

Ils utilisent des embarcations plutôt petites et rapides et profitent du nombre restreint de membres d’équipage sur les navires cargos. Ils savent également maquiller leurs embarcations en bateaux de pêche ou de transport afin de déjouer les inspections.

 

Dans la plupart des cas les pirates ne s’intéressent pas à la marchandise transportée mais plutôt aux affaires personnelles de l’équipage et au contenu du coffre-fort qui peut contenir d’importantes quantités de monnaie destinée à payer le personnel et les taxes portuaires. Il arrive également que les pirates se débarrassent de l’équipage et conduisent le navire dans un port afin de vendre la cargaison et dans de très rares cas de transformer son identité et de le revendre.

 

1-5 Motivations

 

La piraterie moderne se développe pour plusieurs raisons :

- la pauvreté importante de certaines régions poussant une partie de leurs habitants dans la piraterie,

- une  incapacité de certains pays à gérer la sureté de leurs eaux territoriales,

- les équipages de navires cargos sont peu nombreux et non armés (une vingtaine d’hommes sur un navire de 150 mètres),

- les navires marchands se déplacent à des faibles vitesses (entre 10 et 20 nœuds en moyenne), sont peu manoeuvrant. Etant chargés ils peuvent être bas sur l’eau permettant ainsi un abordage aisé,

- les équipages, embarquant pour une durée de neuf mois en moyenne, proviennent en grande partie des pays en voie de développement et reçoivent leurs salaires en espèce à bord. 

 

Il existe une hiérarchie des actes de piraterie :

- les petits malfrats de la mer agissent en groupes peu nombreux et leurs actions sont souvent improvisées s’apparentant plus à la rapine,

- en haut de la hiérarchie on trouve quelques gangs internationaux dépendants de puissantes mafias et triades asiatiques dirigées par de puissants hommes d’affaires,

- un autre type de pirates est constitué par des groupes terroristes, comme celui qui en Octobre 2000 a attaqué l’USS Cole au mouillage dans le port yéménite d’Aden en faisant sauter une embarcation bourrée d’explosifs, faisant 17 morts et 42 blessés.

 

La piraterie a toujours utilisé les moyens technologiques les plus avancés disponibles : les armes à feu tels les AK-47, la téléphonie mobile, les hors-bords. On suppose même que certains pirates écoutent clandestinement les communications des satellites afin d’obtenir des informations sur le mouvement des navires et de déterminer le risque qu’ils présentent en cas d’attaque .

 

2- DE LA CONTRE PIRATERIE

 

2-1 La contre piraterie par l’ensemble des Etats

 

Certaines attaques ont conduit à l’intervention des marines militaires pour lutter contre ce phénomène.

L’Union Européenne a lancé l’Opération « Atalanta » de lutte contre la piraterie dans le Golfe d’Aden et le large de la côte de Somalie. Cette opération, placée sous mandat de l’ONU, regroupe 6 à 8 navires et des avions de patrouille maritime européens chargés de protéger les bateaux du « PAM », certains navires marchants sensibles et de dissuader les pirates d’attaquer.

 

2-2 La contre piraterie par navire - Dispositions préconisées par la partie française : zones de circulation maritime contrôlées au large des territoires sous contrôle français.

 

Les équipes embarquées sont une solution coûteuse en personnel « Commandos Marine », la Marine Française préconise donc d’autres dispositions.

 

Celles-ci consisteraient à créer des zones de circulation maritime contrôlée au large des côtes des pays liés à la France par des traités de coopération telles les anciennes colonies françaises.

Ces zones seraient délimitées d’une part vers la terre par le trait de côte et d’autre part vers le large par une ligne parallèle au trait de côte à une distance de 5 nautiques de ce dernier.

 

Dans ces zones toute circulation non autorisée serait interdite et les embarcations ou navires locaux y circulant sans autorisation seraient susceptibles d’être détruits, Ainsi seraient respectées les possibilités de pêche des pays riverains.

 

Les forces navales de l’opération « Atalanta » seraient chargées de faire respecter ces dispositions.

 

2-3 Du Commando spécialisé

 

Avec le Commando Marine Hubert et son complément « ECTLO », la Marine dispose d’une unité spécialisée pour lutter contre les nouvelles formes d’attaques maritimes : trafic de drogue, piraterie, etc…

Dans ce commando chaque homme a une spécialité particulière de lutte : transmissions, démolitions, plongées, sauts en para-chute….

 

2-4 Réglementation internationale

 

Depuis les attentats du 11 Septembre  2001, l’Organisation maritime internationale a mis en place le Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires. Le chapitre X1 de la convention SOLAS oblige les navires à se doter et à créer des :

- systèmes d’alerte satellitaires,

- à l’intérieur des navires des zones de refuge fermées

- à respecter les procédures de discrétion et de veille.

 

2-5 Réglementation nationale

 

Le Parlement français a adopté en 2011 une loi comblant le vide juridique créé en 2007 par la suppression de la loi de 1825 réprimant la piraterie. Cette loi définit la piraterie dans le droit français, ainsi les tribunaux peuvent en juger et les forces armées peuvent intervenir avant et pendant les faits notamment pour en appréhender les commanditaires.

De plus ce texte définit les conditions dans lesquelles les pirates présumés peuvent être consignés à bord. 

 

3- NOUVEAUX MOYENS NAVALS

 

Pour assurer ces mission de contre piraterie, la Marine française devra se doter de:

- un nombre suffisant de patrouilleurs du type « L’Adroit »,

- d’embarcations adaptées à ce type de patrouilleur,

- d’hélicoptères pouvant être mis en œuvre à partir de ce type de patrouilleur,

- d’avions de surveillance maritime en nombre suffisant.

 

Si la Marine ne disposait pas de suffisamment de personnel pour mettre en œuvre ces nouveaux moyens, elle devra envisager soit de désarmer des moyens actuels soit de les mettre en réserve.

Pour ce faire les priorités seraient dans l’ordre suivant :

- 1 Frégate anti-sous-marine du type F67,

- 7 Frégates anti-sous-marine du type F70 ASM,

- 2 Frégates antiaérienne du type F70 AA,

- 2 Frégates de défense aérienne du type Horizon.

 

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