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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 08:00

Paris le 05 Décembre 2011

 

 

 

REPENSER LES ARMEES FRANCAISES

 

 POUR LES 20 PROCHAINES ANNEES

 

Première Partie

 

ADAPTATION DE LEUR GOUVERNANCE 

 

Note liminaire : Les deux derniers articles publiés dans ce blog avaient comme thème les conséquences d’un plan de rigueur sur la politique de défense. Si donc ce plan devait exister, il importe que soient examinées dès maintenant ses incidences sur d’une part la gouvernance des Armées et d’autre part sur les missions de chaque armée et de leurs formats adaptés à ces missions.

 

1- POURQUOI LES REPENSER LES ARMEES 

 

Des réflexions concernant les formats des armées ont déjà été présentées dans ce blog aux dates suivantes du 13/09/11 et du 18/09/11. Elles étaient particulièrement limitées à celui de la Marine et restaient dans des généralités pour ceux de l’Armée de Terre et de l’Armée de l’Air, nous nous proposons dans les articles qui suivent d’aller plus loin dans ces réflexions. 

 

Depuis les deux précédents conflits (1914-1918 et 1939-1945) les formats avaient été définis pour faire face à la défense des frontières terrestres du pays, de celles des colonies ainsi qu’à la sauvegarde des communications maritimes avec les pays étrangers ainsi que des colonies, sources de notre économie. 

Les colonies n’existant plus et l’Europe étant toujours au stade de sa construction, la plus grande partie de ces objectifs a disparu et devrait être remplacé par une nouvelle politique de défense telle qu’elle est exposée dans ce qui suit :

 

« Etant donné la construction européenne en cours, il existera une faible probabilité de conflits entre Etats européens et leurs voisins, par contre cette probabilité de conflits existera avec les Etats découlant des colonisations ou des protectorats mis en place par les Etats européens et plus spécialement la France. Ces conflits pouvant générer des troubles pour la sécurité des populations françaises y résidant en tant qu’expatriées, pour celle les investissements français ainsi pour les approvisionnements nécessaires à l’économie française provenant de ces pays, il importe donc que le Gouvernement français dispose de moyens militaires adaptés pour faire assurer la sécurité de ces populations et la sauvegarde de tous ces intérêts. »

 

Ainsi dans les 20 prochaines années, il ne semble pas nécessaire de prévoir de menace militaire conventionnelle, mais plutôt de faire face au terrorisme international, à la piraterie et aux menaces pouvant être présentées par des nouveaux Etats devenus déliquescents.

 

2-DES FORMATS DES ARMEES

 

Ayant cherché en vain sur le site du Ministère de la Défense une définition du Format soit des Forces Armées soit d’une Armée, nous nous sommes résolus à en établir nous-mêmes une définition.

 

Pourtant lorsque l’on visite ce site, l’on constate qu’il en est question dans les fonctions du Sous-Chef « Plans » de l’EMA qui assiste le Major Général des Armées pour l’ensemble des questions relatives à la définition du format des armées et de leurs cohérences capacitaires.

 

Nous pensons que les formats des armées peuvent  être définis comme la manière dont elles sont  composées : 

- premièrement par leurs structures de commandement et de gestion,

- deuxièmement par leurs ses unités à vocations opérationnelles particulières.

 

3-DE LA GOUVERNANCE DES ARMEES 

 

3-1 Structures de Gouvernance

 

Ces structures sont actuellement concrétisées par les attributions des personnes suivantes :

- Le Président de la République, qualifié de « chef des armées ».

- Le Ministre de la défense, homme politique chargé de la gestion d’un département ministériel « Le ministère des armées ».

- Le Chef d’Etat-Major des Armées, homme militaire chargé actuellement de l’interarmées et de l’organisation générale des armées et ayant autorité sur les chefs d’état-major de l’armée de terre, de la marine, de l’armée de l’air et la gendarmerie nationale dans ses missions militaires ainsi que sur les organismes interarmées rattachés.

 

3-2 Du Président de la République

 

Bien qu’il soit qualifié dans les textes de « chefs des armées » en fait il n’est que l’autorité supérieure du pays et ne peut pas être le supérieur hiérarchique des officiers généraux à la tête des armées. Il exerce sa prédominance sur eux par le fait de leur nomination en Conseil des ministres qu’il préside. 

 

Après son élection il a rapidement déclaré qu'il entreprendrait des réformes des administrations de l'Etat en vue d'obtenir une meilleure efficacité et surtout de réduire les déficits publics. Pour cela il a d'abord mis en place la RGPP concernant toutes les administrations ministérielles.

 

Parallèlement, pensant que le Ministère de la Défense et les Armées pouvaient constituer une administration docile pour le démarrage de la RGPP, il a constitué une commission chargée de réfléchir à une stratégie adaptée pour définir les nouveaux formats des 3 Armées. Cette commission dite du « Livre Blanc» était principalement composée de personnes étrangères au monde militaire.

 

Certes le Président est constitutionnellement Chef des Armées, mais étant de formation politique il ne peut en avoir les compétences qu'avec l'aide de ses conseillers militaires qui sont principalement les Chefs d'Etat-Major de chaque Armée et le « Primus inter pares » le Chef d'Etat-Major des Armées.

 

3-3 Du Ministre de la défense

 

C’est l’homme politique chargé de la gestion du département ministériel que constitue  le ministère des armées.

 

Sous l'influence de ses conseillers de formation non militaire, le Ministre a pu confondre deux processus  différents : la RGPP et l’application du Livre Blanc. Si ces deux processus qui visaient tous les deux la diminution des dépenses de l'Etat, ils avaient par contre deux finalités différentes :

- le Livre Blanc actuel aurait du viser à une meilleure efficacité des Armées dans une politique de défense accessible à la France,

- alors que la RGPP ne visait qu’à une meilleure rentabilité des structures gouvernementales.

 

Dans ce cadre de la RGPP, dans son domaine de compétence le Ministère de la Défense croyant obtenir une meilleure rentabilité de ses structures:

- il a supprimé les spécificités de chaque Armée qui sont présentées dans le Livre Blanc comme trois composantes des Forces Armées (Terre, Mer et Air), au lieu de l'Armée de Terre, de la Marine et de l'Armée de l'Air. Ce faisant il a d'une part nié le déterminisme engendré par le milieu dans lequel chaque Armée opère et d'autre part détruit « l'esprit de corps » qui constituait le ciment de chaque Armée.

- il a décidé de créer un « Pentagone à la Française » espérant ainsi des économies sans nuire au dynamisme propre à chaque Armée. Il est paradoxal de vouloir copier les structures des USA dans ce domaine alors qu'elles sont niées dans le domaine opérationnel de l'Etat-Major des Armées. 

- cette situation on peut lui faire les principaux reproches suivants : approuvant d'un côté la copie des USA en créant un « Pentagone à la française », mais d'un autre côté refusant d'adopter pour le Chef d'Etat-Major des Armées des attributions identiques à celles pratiquées aux USA où l'Officier Général qui joue le même rôle et qui est Président du « Joint Chiefs of Staff Comittee ».

 

De plus dans la chaîne des décisions administratives de sa compétence, il a conforté la position hiérarchique du CEMA par rapport aux CEM de chaque armée alors que les spécifications des moyens opérationnels en relèvent. Ce qui explique les errements concernant l'A400 M, le PA CDG, 

 

3-4 Du Chef d’Etat-Major des Armées

 

De la situation actuelle

 

En France depuis les réformes introduites au Ministère de la Défense à l’avènement de l’actuel Président de la République, la gouvernance des trois armées avait changé avec l’espoir d’entrainer des économies financières tout en maintenant leurs capacités opérationnelles.  

 

Pour satisfaire de tels objectifs, on ne peut s’empêcher de penser que c’est à des futurs formats de ces armées qu’aurait dû penser le CEMA et surtout aux opérations pouvant être engagées compte tenu des moyens financiers alloués. Ceci pour conseiller le Président dans ses engagements militaires, ainsi probablement l’affaire libyenne n’aurait pas été engagée. Or il n’en a rien été !

 

Il semble que d’une part le CEMA et d’autre part les trois CEM de chaque armée n’ait pas bien saisi leurs rôles qui consiste essentiellement à adapter chaque armée pour la rendre capable de fournir au Président de la République et au Gouvernement les moyens de la mise en pratique de la politique militaire définie.

 

A la suite des déclarations de Mr Nicolas Sarkozy au moment de sa campagne présidentielle, il était clair qu'il s'engagerait dans des réformes des Forces Armées.

Puisque par un décret de 2005, le CEMA disposait de toute l'autorité vis à vis des trois armées, il aurait été souhaitable qu'il leur donne des directives pour préparer leurs réformes au plan opérationnel en analysant les types d'opérations possibles dans le contexte international présent et futur proche. Malheureusement il n'en a rien été et le CEMA  O a attendu les conclusions d'un Livre Blanc inadapté à son problème.

 

Une situation préférable

 

A la situation actuelle on peut lui faire les principaux reproches suivants :

- si d'un côté il est copié les USA en créant un « Pentagone à la française », mais d'un autre côté il est refusé pour le Chef d'Etat-Major des Armées des attributions identiques à celles pratiquées aux USA où l'Officier Général qui joue le même rôle et qui n’est Président du « Joint Chiefs of Staff Comittee ».

- comme aucun officier général ne peut être compétent dans tous les domaines opérationnels couverts par les armées, et lorsque par ses fonctions il est amené à inspecter des forces ne rentrant pas dans sa compétence intrinsèque il est nécessaire de lui adjoindre un autre officier général compétent dans le domaine à inspecter. Ainsi au lieu que l’interarmées soit une source d’économies, elle peut devenir une source inflationniste. Les inspections du CEMA actuel en Afghanistan ainsi que le développement des effectifs de l’EMA en sont une brulante illustration.

 

Il serait donc préférable de revenir à une situation existant avant les réformes voulues par le Président de la République C’est à dire analogue à celle des USA et consistant en :

- un Comité des Chefs d’Etats-Majors de l’Armée de Terre, de la Marine et de l’Armée de l’Air et présidé par le CEMA qui serait le conseiller du Gouvernement mais qui n’aurait aucun pouvoir de commandement.

- un Etat-major interarmées (EMA) aux attributions limitées aux opérations et problèmes spécifiquement interarmées et dont le Chef serait le Président du Comité des chefs d’états-majors,

- un Etat-Major de l’Armée de Terre (EMAT) compétent pour toutes les opérations menées par cette armée, son développement et son organisation, ses matériels et équipements,

- un Etat-Major de la Marine (EMM) compétent pour toutes les opérations menées par la Marine, son développement et son organisation, ses matériels et équipements,

- un Etat-Major de l’Armée de l’Air (EMAA) compétent pour toutes les opérations menées par cette armée, son développement et son organisation, ses matériels et équipements.

 

 

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