Cap Ferret le 23 Septembre 2009
COMMENT « PENSER AUTREMENT »
LES OPERATIONS NAVALES PROBABLES
DE LA MARINE FRANCAISE
2ème Partie
MISSIONS ET FORMATS DES FORCES NAVALES ET AERONAVALES
Priorité 1 - LES FORCES DE SURFACE
Toujours dans le même refus de « penser autrement », si l’on veut bien considérer que la mission de base de la Marine Française sera le contrôle des frontières maritimes et la lutte contre les actions illicites en mer, on ne comprends pas la poursuite du rêve de frégates très sophistiquées d’avant garde, conçues pour la lutte ASM et la Défense aérienne. C’est à dire des concepts découlant du dernier conflit. Elle semble dans ces domaine sous l’influence dans des industriels d’armement. Ces frégates du tonnage d’un croiseur d’avant guerre sont fortement armées et équipées pour les luttes de surface, contre sous-marins et de défense aérienne à la mer.
Il semble que le rôle prévus pour cette classe de navire n’ait pas été saisi. Le First Sea Lord de la Royal Navy en donne une excellente définition qui qualifie cette classe de navire de «versatile work horses » des forces navales comme l’a montré l’Opération Atalanta. Ces navires devront pouvoir rester longtemps à la mer sans ravitaillement et surtout être capables de la mise en oeuvre d'un hélicoptère.
Il semble cependant que la Marine est en train d’évoluer puisqu’elle supprime certains armements sur les A69, toutefois elle désarme les P 400 qui apparaissaient comme bien adaptées à la surveillance maritime et à la contre piraterie
L’important est non pas d’avoir quelques frégates sophistiquées mais de nombreux navires moins sophistiqués pour contrôler les espaces marins. Leurs équipements et armements devraient principalement être conçus pour le contrôle des voies maritimes et la lutte de surface, secondairement pour la défense aérienne.
Concernant la participation à des interventions extérieures limitées, il ne semble pas non plus qu’elle « ait pensé autrement » en faisant réaliser des BPC.
Certes elle aura besoin de ce type de navire pour la lutte contre le terrorisme et la piraterie en mer, en dehors des frontières maritimes du pays. Mais ceux devraient être conçus différemment des actuels BPC et être capables de :
.faire, grâce au système de transmission de données, la synthèse des situations des activités maritimes fournies par les patrouilleurs et les aéronefs,
. mettre à l’eau et récupérer des embarcations rapides pour les actions d’interception par Commandos-Marine spécialisés ,
. mettre en œuvre quelques hélicoptères pour soutenir les actions des Commandos,
. héberger les Commandos-Marine spécialisés.
Concernant la participation à des interventions extérieures d’intervention inter-armées, il ne semble pas non plus qu’elle « ait pensé autrement » en faisant réaliser des BPC.
Les navires conçus pour de telles interventions devraient être séparément capables de :
-l’un principalement destiné à servir de PC d’opérations inter-armées, à la mise en œuvre d’hélicoptères et à servir d’hôpital,
-l’autre principalement destiné à la mise à terre des unités légères de l’Armée et de leurs véhicules légers sur n’importe quel type de site de débarquement.
Dans le domaine de l’armement, certains d’experts préconisent l’utilisation de « drones de surface » pour lutter contre la piraterie dans les détroits. Les USA ont d’abord développé des drones pour le combat terrestre pour la reconnaissance et l’observation du champ de bataille terrestre à visibilité immédiate limitée. Ils les ont doté ensuite d’armement pour minimiser les pertes humaines.
Malgré le développement des techniques permettant de connaître la situation du champ de bataille à grande distance, seule l’appréciation humaine immédiate sur le terrain peut permettre d’éviter les dégâts collatéraux comme le montre les opérations en Afghanistan.
Si les drones sous-marines peuvent intéresser la Marine pour l’exploration scientifique, par contre la mer étant plate et donc à visibilité immédiate on ne voit pas leur intérêt pour la reconnaissance et l’observation des zones maritimes et encore moins pour délivrer une arme.
Priorité 2 - FORCES AERONAVALES
Il convient de distinguer d’une part l’aéronavale de surveillance maritime et d’autre part le PA et ses flottilles embarquées et
L’aéronautique navale de surveillance
Issue des enseignements du dernier conflit, cette aéronautique basée à terre avait été principalement conçue pour la lutte anti sous-marine avec les Atlantiques. Les opérations navales récentes ont montré que leurs capacités d’endurance de vol étaient plus utiles dans la recherche des renseignements sur les activités maritimes de surface.
Il apparaît donc que ce type d’aéronefs endurants est toujours nécessaire mais ses équipements de détection doivent principalement être orientés sur la surveillance maritime.
Le Groupe aéronaval
En héritage des opérations de la dernière guerre, il avait été jusqu’ici considéré qu’un Groupe aéronaval devait être capable de mener des actions de lutte de surface contre une Force Navale, des actions de support de troupes à terre, des actions de défense aérienne et des actions de lutte contre les sous-marins. Ces types d’actions nécessitant des aéronefs de poids et volumes ainsi que d’armements différents, les porte-avions étaient en général conçus pour les mettre en œuvre indifféremment, seule la nature ainsi que le nombre des avions embarqués étaient modulés selon les missions.
En effet, dans la conjoncture actuelle de lutte contre des insurrections il apparaît que :
-d’une part, les actions des aéronefs embarqués devraient être uniquement capables d’action contre le sol.
-d’autre part, constatant le délitement des relations avec les anciennes colonies, il est probable qu’il restera nécessaire à la Marine Française d’assurer le support de troupes à terre dans le cadre des missions interarmées.
Il convient de rappeler les commentaires du First Sea Lord de la Royal Navy : une marine composée uniquement de frégates est insuffisante, Elles doivent être complétées par des PA qui ne sont pas uniquement des aérodromes de secours pouvant être déployés à la demande mais des instruments de puissance quand il est nécessaire d’influencer le dénouement d’une crise ou d’un conflit.
Priorité 3 - LES FORCES SOUS-MARINES - Les SNA
Il paraît important de se remémorer les raisons ayant présidées à la création de cette composante des Forces navales. Au cours du premier conflit mondial les flottes étant constituées de cuirassés, le seul moyen de les couler était la torpille délivrées par le seul navire discret : le sous-marin d’attaque à propulsion Diesel.
Au cours du dernier conflit et utilisant les sous-marins, le Reich s’est efforcé de réduire les capacités économiques de l’alliance alliée (UK-USA-France) en pratiquant la guerre sous-marine à outrance contre la navigation commerciale. Parallèlement pendant ce conflit l’US Navy ainsi que la Royal Navy ont maintenu pour leurs sous-marins cette mission de lutte contre les grands navires de surface tant en Atlantique que dans le Pacifique.
L’introduction de la propulsion nucléaire ayant énormément valorisé les qualités opérationnelle des sous-marins, il était normal de passer des SMD aux SNA. Il apparaît donc que la décision de doter la Marine Française de SNA relève de ces précédentes visions opérationnelles.
Inconsciemment s’est rajouté l’idée qu’en faisant peser une menace sous-marine sur les forces de surface, on les obligeait à être escortées, diminuant ainsi leurs capacités offensives.
Comme il est apparu que de telles missions n’existaient pas dans la lutte contre le terrorisme, la Marine Française a donc cherché à les utiliser. Leur dernière utilisation a été le pistage des boutres au large des côtes pakistanaises et la protection sous-marine du Charles de Gaulle en opérations dans les mêmes eaux.
Les missions justifiant la réalisation d’un produit aussi coûteux devraient être limitées l’exécution de missions spéciales et l’escorte des Forces de surface contre des sous-marins. Leur nombre optimal pourrait être d’environ 6. Le « savoir faire » de DCNS dans ce domaine serait alors conservé.
Priorité 4 - LES FORCES SOUS-MARINES - Les SNLE NG
Dissuasion nucléaire
Ces derniers sont essentiellement liés à la dissuasion nucléaire.
Dans un précédent article nous nous étions exprimé sur sa pérennité avec les raisonnements qui suivent.
Si la dissuasion nucléaire était bien adaptée aux antagonismes de la guerre froide avec l’URSS, il ne semble plus qu’elle soit encore valable lorsque l’on examine les antagonismes potentiels entre d’une part des pays de civilisations chrétiennes ayant un certain mode de comportement et d’autre part des pays de civilisations arabo-musulmane, perso-musulmane et indouïste, ayant des modes de comportements spécifiques dans lesquels la vie humaine a une valeur différente ainsi qu’avec des dimensions territoriales et des densités économiques variables.
Lors de son « hauldown » de la Royal Navy, le First Sea Lord a déclaré que cette composante navale ne tenait que par la motivation et l’éthique des hommes et que si le gouvernement décidait de ne pas la poursuivre en 2024, il serait préférable de l’arrêter tout de suite.
Actuellement les moyens de cette dissuasion restent uniquement nationaux alors que la France s’est remise dans le commandement intégré de l’OTAN, alliance dans laquelle les USA et le Royaume Uni ont des moyens analogues et visent une dissuasion identique.
Si le principe de dissuasion est maintenu au sein de l’OTAN, les charges financières nationales pourront être réduites en coordonnant les patrouilles pour d’une part éviter les interférences de route des SNLE et d’autre part réduire le nombre de SNLE nécessaire par nation pour avoir le même effet dissuasif