Paris le 15 Mai 2009
LES RAISONS LOINTAINES DES PROBLEMES RECURENTS
DU « CHARLE DE GAULLE »
1-QUELS ONT ÉTÉ CES PROBLEMES?
-En 1999 lors des essais à la mer, il apparait nécessaire d'allonger la piste oblique,
-En fin 2000, lors de sa traversée de longue durée une pale d'hélice se rompt. Les helices spécialement dessinées sont remplacées par celles en rechange pour les PA Clemenceau et Foch.
-En Mars 2001, avec ces hélices constat que la vitesse maximale n'est plus que 25 noeuds, inférieure de 2 noeuds à la vitesse contractuelle.
-En Février 2009, des vibrations anormales sont constatées dues à l'usure abnormale des pieces d'accouplement de 2 turbines à leurs lignes d'arbre. Le progamme d'activité est suspendu plusieurs mois pour expertise et réparations.
-Le 4 Mai 2009, Le ministre de la Défense a confié ce jour qu'il s'agissait d'une "malfaçon" et demandé que "l'on pousse les investigations au maximum". Le Charles-de-Gaulle devrait être remis à disposition de la Marine en Septembre 2009.
A la suite des ces problèmes, la question de la responsabilité du maitre d'oeuve technique (DCNS) est posée?
Il semble qu'il ait eu surtout des erreurs de conception opérationnelle. Pour essayer d'en comprendre les raisons, il convient de revenir sur l'histoire du Clémenceau. Ce navire n'a jamais eu de tels problèmes alors qu'il était le véritable premier PA construit pour la Marine Nationale.
2-HISTOIRE DU CLÉMENCEAU
Ce PA a été mis sur cale en 1955 et son sistership Le Foch en 1957, avec comme missions d'assurer la présence de la France dans les opérations extérieures, de maintenir notre indépendance vis à vis de l'Otan et d'affirmer notre souverainté nationale
A cette époque il existait à l'EMM une Division Navires-Armes chargée de conduire les études opérationnelles relatives au renouvellement de la Flotte. En son sein , le bureau de la "Flotte en constuction" était chargé d'établir les spécifications oparationnelles en liaison avec le Service Technique des Contructions navales chargé des spécifications techniques.
Pour concevoir ce nouveau PA le chef de ce bureau, de la spécialité de cannonier, s'était adjoint un oficier breveté Aéro ayant servi sur les PA US (La Fayette et Bois Belleau) prétés à la France. Il s'était également adjoint des officiers d'autres spécialités d'autres bureaux de l'EMM.
Il avait ainsi constitué une "équipe de marque" travaillant continuellement ave le STCAN. Cette organisation explique pourquoi ces deux PA sont rentrés en service sans problèmes majeurs.
Leurs spécifications opérationnelles peuvent se résumer comme suit:
-Déplacement 24 200 t, propulsion 2 turbines de 128 000 CV, vitesse maxi 32 noeuds,
-Aviation embarquée: 40 aéronefs (Assaut Super Etendard 11 t, Chasse Crusaders, Hélicos).
3-HISTOIRE DU CHARLES DE GAULLE
Ce navire a été mis sur cale en Avril 1989 avec comme missions l'attaque d'objectifs au sol, en mer, aérienne, soutien et dissuasion.
Il a été cherché en vain sur le site Internet du Ministère à la rubrique "Marine" ce qui pourrait corespondre à l'ancien bureau de la "Flotte en construction". En fait il apparait que, dans l'inter-armisation, ses compétences aient été absorbées à l'EMA par d'une part la Division "Capacité et Equipements" disposant du collège des officiers de cohérence opérationnelle et du bureau des officiers de cohérence de programme et d'autre part la Division "Espace Programme Interarmées".
Il convient de noter que la date de mise sur cale de ce PA correspond grossièrement à la chute du "mur de Berlin" et que son entrée en service était programmée pour Mai 2001, donc proche de celle du 11/09. Les missions qui lui étaient pévues pouvaient déjà apparaitre pléthoriques et l'on aurait pu reviser celles relatives à la defense aérienne et à l'attaque des objectifs à la mer.
Selon les missions prévues, ce PA était destines à mettre en oeuvre un groupe aérien composé d'intercepteurs "Rafale Marine" pesant 14 t et d'aéronefs d'assaut "Super Etendard Modernisé" pesant 12 t. Si l'on avait tenu compte de l'évolution des opérations potentielles à la suite des derniers évènements, il n'était plus nécessaire de pévoir des capacités de défense aérienne et d'attaque d'objectis en mer. Ainsi il aurait été souhaitable que la Marine se retire du programme Rafale commun également à l'Armée de l'Air.
La réduction de ses missions, donc de ses capacités opérationnelles, aurait permis de réduire le tonnage du PA. Celui-ci, à l'origine calculé pour 37000 t, ne serait pas monté à 40 600 t. Ainsi la puissance de la propulsion nucléaire aurait été suffisante pour les mises en l'air des aéronefs.
Les caractéristiques techniques pour la propulsion et l'énergie peuvent être résumées comme suit:
-Propulsion: 2 chaudières nucléaires de 120 MW, 2 turboréducteurs de 38 000 CV, 4 hélices à pas fixe,
-Energie: 4 turboalternateurs de 4 000KW, 4 D de 1 100 KW, 4 turbines à gaz de 250 KW.
C'est donc là une des principales raisons de ses problèmes: inadaptations des spécifications opérationnelles de ce navire aux opérations potentiellement prévisibles.
4-CONCLUSIONS
S'il est trés probablement certain que le transfert de l'établissement des spécifications opérationnelles de la Division "Navires et Armes" de l'EMM à la Division"Capacité et Equipements"de l'EMA n'a pas arrangé les choses,
Il apparait également que les décisions politiques de soutenir la Maison Dassault (Dassaut Aviation) en faisant utiliser le "Rafale" par l'Armée de l'Air et la Marine a aussi compliqué les problèmes du PA.
Rappelons enfin que dans notre blog ont été publiés le 15/03 deux articles sur l'inérêt des spécifications opérationnelles et que la manière de les concevoir n'est pas suffisamment enseignée aux nouvelles générations d'officiers de marine..