Paris le 15/03/2012
DES BASES DE DEFENSE
OU BIEN UNE SUPERCHERIE
OU BIEN UN CONCEPT MAL ETUDIE
1- LE CONCEPT ACTUEL
Dans le but de réduire les crédits nécessaires au fonctionnement des trois Armées et sur l’instigation du Président de la République, le Ministre des Armées a décidé de regrouper leurs soutiens dans des bases communes à celles-ci et qualifiées de « Bases de Défense ».
S’il paraissait évident que ce soutien commun pouvait exister pour les moyens de vie des unités opérationnelles et organiques quoique pour les marins cela était différent car ils vivent sur les navires, par contre il n’était pas à priori évident que ces bases communes puissent satisfaire à tous les besoins logistiques des trois armées qui se sont construites avec leurs spécificités propres adaptées à leurs milieux opérationnels et aux spécificités de leurs matériels.
Pour appuyer un tel concept, le 21 juin 2011, dans le cadre historique de l’Hôtel national des Invalides, le chef d’état-major des armées a mis à l’honneur les 60 commandants de bases de défense et leurs groupements de soutien. Au cours de cette cérémonie le CEMA, entouré des 3 CEM chefs d’états-majors d’armées a remis leur insigne aux commandants de base de défense et aux 5 chefs des états-majors qualifiés de « soutien Défense », marquant ainsi leur appartenance à la chaîne interarmées du soutien.
Le CEMA en a profité pour rappeler la mission de soutien et la finalité opérationnelle des bases de défense en soulignant qu’il «n’y a pas une armée du soutien mais un soutien au service des armées». Il a ensuite précisé les trois qualités indispensables à leur efficacité opérationnelle quoiqu’il soit curieux de parler de cette caractéristique pour des « bases ». Il leur est donc demandé dans cette transformation de faire preuve de professionnalisme, du sens du service et d’esprit d’innovation.
Lorsque l’on examine la photographie de la cérémonie, l’on constate que la plus grande partie des portes fanions des bases sont issus de l’armée de terre. Si cette proportion peut sembler normale puisque jusqu’ici c’était l’armée aux plus forts effectifs mais on ne peut cependant s’empêcher de penser que c’est cette dernière qui laissera son empreinte sur ces bases.
Cette empreinte se remarque tout de suite lorsque l’on prend connaissance des lieux géographique de ces bases, elles sont toutes liées aux bases actuellement existantes, principalement de l’Armée de Terre. Or celles - ci étaient principalement liées aux stationnements des unités opérationnelles elles mêmes principalement liées à une stratégie de défense principalement définie par la sécurisation des frontières terrestres.
2- PRESENTATION DES BASES DE DEFENSE SUR LE SITE INTERNET DU MINDEF.
Ayant voulu montrer que le concept avait été élaboré logiquement ses auteurs, ceux ont conçu sa présentation en les introduisant sous les rubriques ci-dessous:
2-1 les BdD où ?
Dans cette rubrique est présentée une cartographie de ces bases pour 2011. A l’origine le ministère avait imaginé environ 90 bases pour 2014 dont 78 en métropole et 12 outre - mer.
Sur les conclusions d’une certaine expérimentation dont la méthode n’est pas décrite, le ministère a conclu qu’elles devaient :
- regrouper environ 3 000 personne,
- être à environ 30 km des unités à soutenir,
2-2 les BdD : Quand ?,
Cette rubrique expose le processus de leur mise en place :
2009 : Expérimentation – Phase I- Mise en œuvre et premier retour d’expérience
Il s’agit de tester la capacité des unités et des chaînes métiers à réaliser les mutations administratives, financières et organiques nécessaires à la mise en place de cette nouvelle architecture, tout en préservant la qualité du service rendu aux formations soutenues au sein de la BdD.
2010 : Expérimentation – Phase II - Passage des « BdD expérimentales » aux « BdD Pilotes »
7 nouvelles bases de défense ont été déployées en 2010. Avec les 11 bases expérimentales déjà existantes, elles constituent la génération des 18 bases pilotes chargées d’approfondir les organisations et les procédures, préalable indispensable au déploiement de la totalité des bases de défense en 2011.
2011 : Le déploiement – Phase III - Généralisation des BdD
Le déploiement de la totalité des bases de défense (51 en métropole) sera effectif le 1/01/1.
2-3 les BdD : Quoi ?,
La base de défense est l’unique formation administrative de la Défense à l’échelle locale. Elle a pour mission d’assurer l’administration générale et le soutien commun des formations implantées dans son secteur de responsabilité.
Une BdD comprend :
- Le commandant de la base de défense (Com BdD)
- Le commandant du groupement de soutien de la base de défense (Com GSBdD)
- Les services (budget de fonctionnement courant, actes administratifs, ressources humaines, action sociale, communication, soutien santé, une partie du maintien en condition, transports, carburants, moyens généraux, alimentation, loisirs, infrastructure, habillement, informatique courante, moyens commun d’instruction, service général et sécurité)
- Des formations et unités de taille variées (régiment, école, état-major, mais aussi centre centres de la DGA et du SGA, etc.).
2-4 les BdD : Qui ?,
Contrairement aux précédentes réorganisations, conçues de façon organique et verticale, cette nouvelle organisation interarmées du soutien (OIAS) créé une chaîne horizontale interarmées destinées à regrouper, à terme, près de 30 000 personnes, dont une grande majorité de spécialistes, militaires et civils.
Une organisation interarmées du soutien pilotée par l'état-major des armées
Au regard de la nouvelle organisation de l’EMA, le sous-chef d'état-major « soutien » dirige cette nouvelle organisation. A ce titre, il est le commandant interarmées du soutien (COMIAS). Il exerce une autorité directe sur les commandants de base de défense (Com BdD) et prend les décisions relatives aux questions d’administration générale et de soutien commun (AGSC). Il coordonne également l’action des services interarmées.
Au niveau central
Le COMIAS dispose d’un centre de pilotage et de conduite du soutien (CPCS) qui l’appuie dans ses missions de commandement et de coordination. Pour assurer la coordination et la fluidité du commandement entre le niveau central et les bases de défense, des échelons intermédiaires du soutien sont également activés.
Au niveau local
Le bon fonctionnement de la BdD est assuré par le commandant de la base de défense (Com BdD). Il est responsable des services d’administration générale et des soutiens communs. Ces services ont été mutualisés au sein d’une nouvelle entité de soutien baptisée le « groupement de soutien de la base de défense » (GSBdD). Le GSBdD est dirigé par un chef qui traite directement avec les unités soutenues et instruit leurs besoins. Les unités soutenues ont, de leur côté, un rôle actif à jouer dans de nouveau dispositif en planifiant et en exprimant justement leurs besoins au travers de contrats de services.
Les nouvelles structures de soutien spécialisé
Au niveau de la base, trois structures nouvelles hébergent les entités locales de soutien spécialisé :
- L'unité de soutien infrastructure de la Défense (USID) qui assure la conduite des opérations d'entretien immobilier,
- Le centre médical des armées (CMA) qui mutualise les moyens du soutien médical
- Le centre interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information (CIRISI) qui apporte e soutien informatique.
2-5 les BdD : Comment ?
Au 1er janvier 2009, 11 bases de défense expérimentales ont été créées : 10 bases en métropole, 1 base à Djibouti. La généralisation des bases de défense (environ 60 en métropole et en outre-mer) sera réalisée courant 2011.
Une mise en œuvre en 3 temps
Le premier retour d’expérience effectué à l'été 2009 a permis d’identifier les premiers niveaux d’ajustement du plan initial (ajustement réglementaires et organisationnels).
Un second retour d'expérience a été réalisé à l'issu de l'exercice budgétaire 2009.
Un troisième et dernier « Retex » aura lieu à l’été 2010. Les éléments collectés serviront à finaliser le cahier des charges des prochaines bases de défense, dans la dynamique de la montée en puissance de l’ensemble des BdD d’ici à 2011.
2-6 les BdD : Pourquoi ?
- Rationaliser les soutiens pour réduire les coûts
- Réinjecter les économies dégagées dans le budget des armées pour renforcer le niveau d'efficacité opérationnelle (notamment grâce au renouvellement des équipements)
- Améliorer la condition du personnel
- Participer sans faillir au soutien des unités
3-CONCLUSIONS SUR LE CONCEPT ACTUEL
La première remarque qui peut être faite est que la gestation du concept semble avoir été difficile si l’on se réfère aux rubriques « les BdD où ? et les BdD : Quand ? » Il apparaît que l’élaboration de ce concept ait été confié à des officiers de l’Armée de Terre de la catégorie autrefois appelée « les riz, pain, sel » alors qu’il aurait du être confié à des officiers ayant une formation industrielle.
La deuxième remarque qui peut être faite concerne le désir du Ministre et du CEMA à vouloir centraliser les soutiens de tous genres au niveau des Bases de Défense alors que le pays aurait tendance à passer à la décentralisation. Cette centralisation entraine inévitablement la création de fonctions supplémentaires : le Commandant de la base de défense et le Commandant du groupement de soutien de la base de défense.
La troisième remarque concerne les fausses économies que ce concept devrait générer si l’on veut bien noter le nombre de nouvelles fonctions créées et pour cela l’exemple de la mise en place du système administratif Louvois est, en autres, à retenir. Ce système dans un domaine plutôt simple du paiement de la solde a demandé la mise en place d’un DRH pour l'ensemble du ministère de la défense
Mais l’erreur la plus importante consiste dans le fait d’avoir basé cette réorganisation sur le Concept de défense défini par le livre blanc, concept de défense aux frontières terrestres françaises alors que l’Europe essaie de se créer avec sa propre défense consistant à assurer les luttes contre le terrorisme et la piraterie, la libre circulation maritime, la protection de ses ressortissants et de leurs implantations économiques à l’extérieur des frontières européennes,