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Cap Ferret le 18 Aout 2011
DES REFLEXIONS
POUR UN LIVRE BLANC RENOVE
TROISIEME PARTIE
NOTA : Cette partie est la suite directe de la deuxième partie
4-DE LA PROGRAMMATION MILITAIRE 2009-2014
4-1 Caractères généraux du document
Cette programmation a fait l’objet du projet de loi et d’un rapport annexé publiés par le Ministère de la Défense sous le timbre DEFX08241481./Bleue-1 . Elle devrait s’intégrer dans un projet plus vaste consacré à la mission « Défense » pour les 12 prochaines années pour laquelle une somme de 377 milliards d’euros sera prévue. La présente loi de programmation militaire sera financée par 184,8 milliards d’euros.
Aux dires de ses rédacteurs, cette loi serait inédite car elle tire les conséquences de la nouvelle stratégie de sécurité nationale. Elle devrait être révisée au bout de quatre ans afin de tenir compte de l’évolution du contexte stratégique et de l’aboutissement de ses programmes.
Sur la période 2009-2014, le renouvellement constant des équipements militaires et la réorganisation de la Défense devrait garantir le respect des objectifs capacitaires fixés par le Livre blanc.
Cette loi de programmation militaire présenterait une nouveauté. Car c’est la première fois que le budget prévu serait aussi élevé soit 185 milliards d’euros sur 6 années. Cette loi est également innovante car sa programmation est établie sur des périodes successives de 3 années.
Pour la période 2009-2011, l’équipement sera le principal bénéficiaire de l’augmentation des ressources qui s’inscrivent dans une somme de 102 milliards d’euros d’équipements prévus pour la loi de programmation.
4-2 DE LA PROGRAMMATION MILITAIRE A PROPREMENT PARLER
Plutôt que d’analyser en détail « le projet de rapport annexé » nous avons préféré en résumer ci-dessous les grandes lignes concernant d’une part les équipements et d’autre part les bases de défense qui bien que n’étant pas inclues dans la programmation sont un des éléments nouveaux de la réforme et conditionnent indirectement l’efficacité des forces.
4-2-1 De l’effort d’équipement
Cet effort sera principalement orienté sur la modernisation des moyens de combat aéroterrestres et la protection des forces terrestres (Programme Scorpion). Quand à l’Armée de l’air et la Marine leurs capacités de connaissance et d’anticipation, de dissuasion, de prévention et d’intervention seront améliorées par le renouvellement de leurs équipements et de leurs flottes.
Pour la durée de la loi, les principaux programmes de renouvellement des équipements des forces armées concerneront les thèmes suivants :
- Armée de Terre
L’infanterie et la composante blindée feront l’objet de protections adaptées : « Félin » pour les fantassins, renouvellement ou modernisation des véhicules blindés de combat (transports de troupes protégés , chars légers et chars lourds).
Développement d’une nouvelle génération de transports terrestres (porteur terrestre polyvalent, petit véhicule
protégé).
L’appui des forces par l’artillerie fera l’objet de nouvelles capacités de frappe de précision dans la profondeur.
La protection antiaérienne des forces engagées par une modernisation de la surveillance du champ de bataille et l’emploi de
missiles sol-air petite et moyenne portée.
- Armée de l’air
Augmentation capacitaire du transport aérien par la mise à disposition des A400M et d’avions multi - rôles de ravitaillement en vol et de transport.
La composante aéromobile sera développée par la mise en service de l’hélicoptère NH90.
L’aviation de combat évoluera vers un parc unique qui privilégiera les capacités de pénétration et de frappe pour le soutien
des forces terrestres.
- Marine
Les sous-marins nucléaires d’attaque remplaceront les 6 SNA du type « Rubis ». Leurs misions devront consister d’une part en capacité de frappe en profondeur contre la terre par missiles de croisière et d’autre part en capacité d’opérations spéciales.
De plus cette série de SNA, les « Barracuda » devront être prévus pour participer à la sureté de la FOST, des groupes
aéronavals et à la maitrise de l’espace aéromaritime.
Les frégates européennes multi - missions devront remplacer les frégates actuelles dans la lutte de surface et la lutte anti
- sous-marine avec l’hélicoptère NFH90.
Les nouveaux engins de débarquement devront renouveler la batellerie des BPC et TCD.
4-2-2 Des bases de défense
Une première remarque d’ordre sémantique s’impose lorsqu’à propos des forces armées ce terme est employé. On pourrait à priori le comprendre comme un système fixe de défense tel qu’autres fois elles avaient été conçues par Vauban et plus récemment par la France en 1930 pour la ligne « Maginot ».
Il aurait été préférable de les qualifier de « Bases de soutien interarmées ». Incidemment le poste de commandant de la base (Com BdD) aurait pu être supprimé au profit du commandant du groupement de soutien (Com GSBdD).
Lorsque l’on examine le rôle de ce dernier, l’on constate que ses fonctions sont :
- le Service Achat/ Finance/Comptabilité,
- le Service Ressources Humaines,
- le Service Restauration/Hôtellerie/Logement/Hébergement/Loisirs,
- le Service Soutiens Communs.
Manifestement ce concept n’est adapté qu’aux Forces Armées dont les personnels vivent à terre sur le territoire national et ceci en dehors des opérations, pour la plupart actuellement extérieures au territoire national, c’est à dire les personnels des Armées de terre et de l’air. Il n’est absolument pas adapté à la plupart des personnels de la Marine qui vivent à bord de leurs navires et ceci principalement pour des questions de sécurité du navire et ceci à part les personnels des EM et services nécessairement à terre.
Il conviendrait donc à l’avenir de remettre la Marine en dehors de ce concept.
A l’origine du concept le ministre avait imaginé la constitution de 90 bases dont 78 en métropole et 12 outre-mer. Lorsque l’on examine leur répartition sur le territoire national, l’on ne peut manquer de constater qu’elles sont réparties selon les sites de stationnement actuels des unités des armées de terre et de l’air. Hors à l’origine ces stationnement résultaient des menaces existants aux frontières du pays.
Depuis la création de l’Europe et le démantèlement de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) ces menaces terrestre ou aériennes ont pratiquement disparues. Il devrait en résulter une nouvelle répartition des sites de stationnement des unités des armées de terre et de l’air.
Avant de mettre en place ce concept il aurait donc été préférable d’étudier un nouveau déploiement des unités des armées de terre et de l’air tout en gardant à l’esprit la nécessité de leur intégration dans le pays.
4-2-3 Commentaires sur le rapport annexé
Ce rapport reprenant la plupart des considérations exposées dans les deux premiers articles, nous limiterons à nos commentaires aux points qui nous ont particulièrement marqués.
D’une façon générale, nous pensons qu’avec une telle programmation la France veut « boxer au dessus de sa catégorie » comme l’écrit dans « Le monde » du 13/07/11 un chercheur du CERI. Une telle attitude peut permettre aux armées surtout de nourrir l’industrie d’armement au lieu de remplir leurs misions de défense.
Dans le même journal du 12/07/11, un article intitulé « Quelle armée pour la France au XXIème siècle ? » fait les remarques suivantes :
- la réorganisation issue du Livre blanc a fait des armées de simples contributrices à la protection des citoyens par le
biais des politiques de sécurité intérieure et de sécurité civile,
- certes la règle, pour l’instant respectée, est de fournir en fonction des effets attendus, une capacité « clés en mains »
sous le commandement opérationnel du CEMA.
- les armées garderaient pour seules vocations d’assurer la pérennité de la dissuasion et de servir de corps expéditionnaire.
Ce qui signifie à terme de nouvelles réductions de leur format à moins que l’on tire les conséquences de l’échec de l’Europe de la défense dans le cas libyen.
D’après ce document l’arc de crises potentielles devrait s’étendre jusqu’à l’Asie, nous pensons qu’une telle extension n’est plus à la portée des moyens militaires que pourrait mettre en œuvre la France. Il nous semble en effet que cette région devrait être des domaines de la Chine, de l’Inde, de l’Australie et probablement des USA.
A propos de la dissuasion nucléaire, le document recommande l’adaptation continue de ses deux composantes. Ayant déjà souligné l’inadaptation de telles forces devant des menaces potentielles et plus concrètes sur la population françaises par le terrorisme et devant celles présentées par la piraterie vis à vis de son commerce par voie maritime, nous pensons que les véritables motivations de leur développement continu est lié d’une part à la pensée propre du Gal de Gaulle, toujours vivace, et surtout d’autre part aux besoins de l’industrie d’armement.
Nous pensons en conséquence qu’au moins une des deux composantes devrait être arrêtée.
A propos de la prévention, le document recommande d’assurer la prévention des conflits par un dispositif de forces pré - positionnées ou pré - déployées dans les espaces d’intérêts prioritaires. Mise à part que ces positionnements et déploiements peuvent poser des problèmes de relations internationales avec les gouvernements des pays où ils sont implantés, nous pensons qu’il serait préférable de concevoir des types d’unités de l’Armée de terre pour des déploiements aisés par l’Armée de l’air, elle même équipée d’avions adaptés.
Concernant la protection, le document prévoit qu’en cas de crises internes majeures une force terrestre devrait pouvoir être affecter à la sécurité des points sensibles d’importance vitale, à la liberté des vois de communication et au contrôle des accès au territoire.
Nous voyons dans ce cas une dérive engendrée par le fait d’avoir voulu lier dans un même texte : les misions des forces
armées et les misions des forces de police dont les raisons d’existence sont différentes.