Paris le 15 Février 2013
PERSPECTIVES POUR LES ARMÉES FRANCAISES
DANS LES QUINZE PROCHAINES ANNEES
Quatrième partie
COMMENTAIRES SUR
LA SITUATION CREEE PAR LES LIVRES BLANCS
ACTUELS
UN LIVRE BLANC ADAPTE A LA FUTURE STRATEGIE
1- DES LIVRES BLANCS ACTUELS SUR LA DEFENSE
1-1 Le texte de l’actuel projet de livre blanc
Toutes les informations de ce paragraphe découlent de la lecture du document « Le Livre blanc en bref ».
De ce projet découle des dispositions suivantes prises pour l’élaborer,
- 40 auditions publiques ont été conduites par la Commission comprenant des acteurs de terrain, des représentants de tous les partis politiques, de la société civile, des responsables européens et des « stratèges » parmi les plus reconnus au niveau international.
- 9 forums électroniques ont été ouverts et ont permis à plus de 25 000 internautes de s'exprimer sur les sujets concernant la défense et la sécurité.
- une quarantaine de déplacements de membres de la Commission à la rencontre des hommes et des femmes au service de la défense et de la sécurité, en opérations, dans leur cadre de vie, ou dans l’exercice de leurs missions, à l’extérieur comme à l’intérieur du territoire, de nos partenaires étrangers et européens, notamment en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne et bien sûr à Bruxelles au siège des institutions de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique.
Les principales dispositions sont résumées ci-dessous et sont une copie du texte de l’actuel « Livre Blanc sur la Défense, en bref » :
- La protection des forces terrestreset des capacités d’engagement au sol se traduit par de nouveaux équipements : 650 véhicules blindés modernes pour le combat d’infanterie ; 25 000 équipements individuels Felin ; plusieurs centaines de véhicules porteurs blindés protégés contre les bombes et les mines ; le lance-roquettes unique, qui tient compte de l’interdiction des bombes à sous-munitions ; la réactivité des programmes d’équipement avec les « crash programs ».
- Les drones de surveillance et les drones armésseront de plus en plus utilisés dans les opérations aéro-terrestres ; une complémentarité s’affirme entre les avions de combat et les engins pilotés à distance.
- Les sous-marins nucléaires d’attaque porteurs des missiles de croisière à longue distance constituent une priorité : furtifs, à capacité d’action au loin quasi-illimitée, ce sont des systèmes stratégiques employés aussi bien pour le renseignement, la protection de la force océanique stratégique, le soutien du porte-avions ou les opérations spéciales ; le Livre blanc fixe un objectif de six SNA. Les missiles de croisière de grande précision seront donc à l’avenir emportés aussi bien par les avions de combat que par les moyens navals.
- Les bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral, avec leur capacité amphibie, aéromobile et d’état-major, seront, avec les 18 frégates de premier rang, à la pointe des missions de présence et d’intervention de la marine nationale. Il est prévu que celle-ci dispose de quatre BPC à l’horizon 2020.
- Les capacités de détection et d’alerte avancée constituent l’une des innovations majeures du Livre blanc. Elles sont destinées au renseignement sur les capacités des missiles balistiques susceptibles d’atteindre la France et l’Europe. Elles comportent des radars capables de « voir » à grande distance, et des satellites placés en orbite géostationnaire. La France souhaite que ce programme prenne rapidement une dimension européenne.
- L’aviation de combat sera organisée en un parc unique de 300 avions, air et marine (Rafale et Mirage 2000 modernisés), dont la gestion sera assurée par l’armée de l’air. Cette nouvelle organisation doit permettre d’accroître fortement les synergies et l’efficacité opérationnelle des forces aériennes.
- La priorité donnée aux satellites se traduit, d’une part, par un doublement des crédits consacrés aux systèmes spatiaux militaires par rapport aux crédits actuels (380 M € en 2008), d’autre part, par la création d’un commandement interarmées chargé de l’espace, placé sous l’autorité du chef d’état-major des armées, associée à l’accroissement des compétences de l’armée de l’air dans la mise en oeuvre de ces capacités spatiales.
- La guerre informatique est une préoccupation majeure du Livre blanc qui développe deux axes stratégiques : d’une part, une conception nouvelle de la défense informatique, organisée « en profondeur » et coordonnée par une agence de la sécurité des systèmes d’information placée sous la tutelle du secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale; d’autre part, la constitution de capacités de lutte informatique offensive qui seront développées, pour les armées, sous l’égide de l’état-major des armées, et en outre par des services spécialisés.
- Le renseignement repose notamment sur des moyens d’imagerie très précise, capables d’opérer de jour comme de nuit : ce seront les satellites successeurs des systèmes Hélios, dans le cadre du programme MUSIS ; et sur des moyens d’écoute électromagnétique basés à terre, en mer, dans les airs et dans l’espace (pour les capacités spatiales, il s’agira du programme CERES).
- Le Livre blanc met l’accent sur l’importance des opérations civiles et mixtes civilo-militaires dans la gestion des crises; il prévoit à cette fin le développement de capacités nouvelles au ministère des Affaires étrangères, notamment par la constitution d’un centre opérationnel de veille et d’appui à la gestion des crises extérieures, compétent à la fois pour la préparation, le suivi et la sortie des crises internationales ; des dispositions statutaires devraient faciliter la mobilisation des expertises civiles disponibles dans la fonction publique ; le financement interministériel de ces moyens sera renforcé.
- Le système d’alerte et d’information des populations en cas de crise sera profondément modernisé. Il doit passer du seul système des anciennes sirènes à une combinaison d’instruments allant des alertes par SMS, par médias ou par courriel jusqu’à l’activation d’un réseau modernisé de sirènes.
- Le ministère de l’intérieur sera doté d’un centre de gestion interministérielle de crise pour la conduite et la coordination de la réponse aux crises intervenant sur le territoire national. Ce centre opérationnel sera situé place Beauvau.
- Le Livre blanc prévoit également la mise à disposition du public de plusieurs portails Internet:
- un portail destiné à la sensibilisation du public aux risques nouveaux et à la préparation à des événements graves susceptibles de toucher le territoire national ;
- un portail consacré à la prévention et la réaction contre des attaques informatiques ;
- un portail consacré aux travaux de prospective et à la recherche stratégique.
- Service civique : le Livre blanc se prononce en faveur d’un service civique dont il décrit les diverses formes possibles et l’organisation. En outre, il souhaite encourager les volontariats, en particulier un volontariat de sécurité nationale, destiné notamment à se substituer à l’actuelle « réserve citoyenne » et à s’ouvrir largement à ceux qui sont intéressés par un engagement dans ces domaines sur le territoire national.
- Politique de mémoire : le Livre blanc met l’accent sur la commémoration nationale, enracinée dans l’histoire et renouvelée dans ses modalités, des 8 mai,18 juin et 11 novembre. Il souligne l’importance de cette dernière date et sa dimension européenne, ainsi que la nécessité de l’enseigner.
1-2 Quelques conséquences si ce projet est mis en oeuvre
Les conséquences indiquées dans le corps de ce paragraphe sont celles indiquées dans la fiche N° 1-4 du « Livre Blanc en bref ».
- Une stratégie de sécurité nationale pensée de façon globale.
- Les crédits du spatial militaire en moyenne annuelle sur la période à venir.
- Une stratégie industrielle construite autour de trois cercles : un cercle de souveraineté nationale, un cercle européen et un cercle mondial.
- Une force océanique stratégique sera composée de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.
- Toute prolongation d’une intervention extérieure au-delà de quatre moisdevra faire l’objet d’une autorisation, par un vote du Parlement.
- Cinq fonctions stratégiquesredéfinies : connaissance et anticipation, dissuasion, prévention, protection, intervention.
- Cinq grands groupes de défense se partagent trois programmes européens concurrents d’avion de combat. Cette situation est emblématique de la fragmentation du tissu industriel européen de défense.
- Les capacités sous-marines constituent une priorité stratégique. Le Livre blanc fixe à six le nombre de sous-marins nucléaires d’attaquedont doit être équipée en permanence la Marine nationale.
- Sept principes directeurspour l’engagement des forces armées à l’étranger.
- Douze secteurs d’activité d’importance vitale définis en 2006 (énergie, alimentation, gestion de l’eau, activités militaires de l’Etat,…). L’approche française relative à la protection de ces secteurs sera présentée à nos partenaires européens afin de faire déboucher les initiatives de la Commission européenne dans ce domaine
- Dix-sept opérations civiles et militairesont déjà été conduites par l’Union européenne sur quatre continents, impliquant le déploiement de près de 10 000 soldats et de 3 000 policiers européens.
- La Marine nationale sera équipée de dix-huit frégatesde premier rang.
- L’industrie navale européenne repose aujourd’hui sur plus de vingt chantiers navalsimportants ; cette situation doit être comparée avec celle qui prévaut aux Etats-Unis, où les restructurations des années 1990 ont conduit à rationaliser l’industrie navale autour de six chantiers.
- Trois cents avions de combatpolyvalents de type Rafale ou Mirage 2000 D modernisé composeront un parc unique (air et marine) dont la gestion sera assurée par l’armée de l’air.
- Huit cents satellitesorbitent aujourd’hui autour de la Terre. La moitié d’entre eux appartient aux Etats-Unis.
- Le contrat opérationnel de l’armée de Terre prévoit que jusqu’à dix mille militairesdevront pouvoir être déployés en cas de crise majeure sur le territoire national en appui du dispositif de sécurité intérieure et de sécurité civile avec pour missions premières : la sécurité des points d’importance vitale, celle des flux terrestres essentiels pour la vie du pays et le contrôle de l’accès au territoire.
- Douze mille hommes et femmestravaillent directement en France au sein des six services de renseignement. Il faut y ajouter les 4000 hommes et femmes des unités militaires spécialisés de l’armée de terre, de la marine nationale et de l’armée de l’air.
- Les forces terrestres seront capables d’intervenir dans le cadre d’un engagement majeur multinational, sur un théâtre distant jusqu’à 7000 à 8000 km, en déployant, en six mois, trente mille hommes, pour une durée d’un an.
- En 2006, cinquante-huit mille militaires ont participé à au moins un déploiement hors du territoire métropolitain.
- La France souhaite que l’Union européenne se dote effectivement d’une force d’intervention terrestre de 60 000 hommes. Cette force devra pouvoir être déployée pendant un an sur un théâtre éloigné et associée aux moyens aériens et maritimes nécessaires.
- Une force opérationnelle terrestre de 88 000 hommes permettra de remplir l’ensemble des contrats opérationnels assignés à l’armée de terre par le Livre blanc.
- Les Nations Unies déploient en 2008 près de 90 000 hommesdans des opérations de maintien de la paix. L’Europe contribue à celles-ci à hauteur de 11 000 hommes.
1-3 Nos commentaires sur ces conséquences
L’impression que nous laisse la lecture des conséquences annoncées, c’est que les concepteurs d’un tel Livre Blanc sont en plein « rêve » pour les principales raisons suivantes :
- d’une part ils ne se rendent pas compte que les formes de conflits changeront en face des menaces actuelles : le terrorisme et la piraterie,
- d’autre part que la situation financière de la France nécessitera de réduire les dépenses militaires tout en gardant les possibilités de faire face à ces menaces.
2- UN NOUVEAU LIVRE BLANC ADAPTE A LA NOUVELLE SITUATION STRATEGIQUE DE LA FRANCE EN AFRIQUE
2-1 Considérations générales
La situation actuelle des Forces Armées françaises, exposée dans la première partie résultait de la manière dont étaient imaginés les conflits futurs.
Disons le simplement, les stratèges et les militaires étaient incapables de se rendre compte que le Monde avait changé comme s’est efforcé de le montrer Martin Van Creveld dans son Livre « La Transformation de la Guerre ».
Si nous avons le courage intellectuel d’éxaminer les risques de conflits entre nations du type guerre de 1914-1918 et guerres 1939-1945 en Europe et en Extrème-Orient, il n’en existe pas actuellement.
Pour qu’il existe des risques de conflits, il faut d’une part pour un peuple qu’il existe des menaces contre ses intérêts indispensables et d’autre part qu’il ait la volonté de combattre pour les défendre ses intérêts indispensables.
Or ces menaces existent et peuvent troubler la vie d’un pays en menaçant sa populatio et sa vie économique.
Ces menaces sont :
- d’une part ce qu’il est convenu de nommer « terrorisme » qui s’exerce de préférence à terre et qui en fait est le refus par une population d’une certaine ethnie et d’une certaine couleur de peau de se laisser gouvernée par une population d’une autre ethnie et donc d’une autre couleur de peau. Ce seront là l’origine de la plupart des problèmes en ex AOF et ex AEF.
- d’autre part la piraterie qui s’exerce de préférence en mer et qui peut apporter des troubles importants à nos relations économiques.
Pour faire face à ces menaces un pays doit donc disposer d’une part de forces terrestres et aériennes spécialement adaptées à la lutte contre ce qu’il est convenu de nommer « terrorisme » et d’autre part de forces aéronavales spécialement adaptées à la lutte contre qu’il est convenu de nommer « piraterie ».
2-2 Applications de ces considérations aux Forces de Dissuasion.
Les forces de dissuasion seront réduites à la seule composante navale : les SNLE. La composante aérienne sera principalement transformée en composante de transport.
2-3 Applications de ces considérations aux relations avec les pays de l’Alliance Atlantique.
Les forces armées françaises seront retirées de l’Organisation de l’Atlantique Nord pour éventuellement être intégrées dans les forces armées européennes lorsqu’elles auront été constiuées.
2-4 Applications de ces considérations aux Forces Europénnes.
Il sera recherché la constitution de Forces Armées Européennes intégrées pour opérer dans les luttes contre le terrorisme et la piraterie.
2-5 Applications de ces considérations aux Forces Armées Françaises.
Les Forces Armées Françaises seront principalement préposionnées dans les terreitoires ultramarins et en Afrique où des bases de prépositionnement seront mises en place dans les pays suivants : Mauritanie, Sénégal, Mali, Niger, Tchad, Guinée, Côte d’Ivoire,Togo, Benin, Camroun, Gabon et Djibouti.
Armée de Terre
Des petites unités seront prèpositionnées en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Tchad
Marine
Des petites unités seront prépositionnées au Sénégal, en Guinée, en Côte d’Ivoire et à Djibouti
Armée de l’Air
Des unités d’appui au sol seront prépositionnés sur les terrains de Bamako, de Oagadougou et Niamey.