Cap Ferret le 25/08/2012
QUELQUES IDEES POUR LA REDACTION D’UN FUTUR
LIVRE
BLANC
SUR L’EUROPE DE LA DEFENSE
Début de la Première
Partie
GENERALITES
Avant-Propos
Le 17/07/2012 dans son Blog intitulé « Secret-Défense », le journaliste Jean-Dominique Merchet
signale que le ministère de la Défense veut relancer la réflexion dans les armées car il estime « qu’il n’y a pas assez de réflexion sur la stratégie militaire ».
Pour cela il s’exprime de la façon suivante :
« Alors que débutent les travaux du prochain Livre blanc,
on estime dans l'entourage du ministre de la Défense qu'il n'y a pas assez de réflexion sur la stratégie militaire" dans les armées. Beaucoup
d'études géopolitiques ou de réflexions tactiques, mais pas assez de travaux de fond sur le coeur du métier militaire : c'est le constat qui est dressé. "Où sont aujourd'hui les réflexions qui ont, par exemple, conduit en 1984, à la création de la Force d'action rapide ?" s'interroge-t-on. Ou à celle du
Commandement des opérations spéciales en 1992. Avis aux amateurs (et aux professionnels) ! ».
Nous proposons dans les paragraphes suivants ainsi que dans les documents qui suivront de suggérer une autre
organisation des trois Forces Armées Françaises dans un cadre d’une Europe de la Défense ainsi que des missions pouvant leur être impartie dans un cadre national.
En dehors de ce premier document concernant les généralités où nous traiterons des raisons pour lesquelles nous
reprenons les textes qui avaient été établis sous l’influence du Président de la République du moment et sous la direction de son CEMA, le Général Georgelin.
Nous aborderons ensuite dans des documents séparés les sujets suivants :
- Stratégie d’une Europe de la Défense
- Structure et missions d’un Etat-Major Interarmées dans une Europe de la Défense,
- Structure et missions des Armées nationales de Terre dans une Europe de la Défense,
- Structure et missions des Marines nationales dans une Europe de la Défense,
- Structure et missions des Armées de l’Air nationales dans une Europe de la
Défense.
1- QUELLE EST L’EUROPE DE LA DEFENSE CONSIDEREE ?
Comme indiqué dans l’article publié dans le blog à la date du 28/05/2012 sur le thème d’une Fédération pour une Europe de la
Défense et de sa gouvernance politique, cette Europe fédérale serait constituée par les 4 Etats suivants : Allemagne, France, Italie et Royaume Uni. Ces Etats grouperaient une population de
270 millions d’habitants présentant un PIB de 11 276 milliard.
Cette fédération pourrait aisément se comparer sur le plan de la Défense avec les grandes puissances suivantes de
l’hémisphère Nord : USA, Russie, Chine et Inde.
2-DOCUMENTS DEJA PUBLIES SUR UN SUJET APPROCHANT
Sur le Blog http://penseenavale.over-blog.com/ des articles
intitulés : « De la rénovation des Forces Armées Françaises et de l’EMA, d’une Armée de Terre, d’une Marine et d’une Armée de l’Air adaptées aux opérations probables dans les 20
prochaines années » avaient été publiés les 15/01, 05/02 et 25/02/2011.
Les principaux points de ces articles sont résumés ci-dessous :
Il semble que d’une part le CEMA et d’autre part les trois CEM de chaque armée n’aient pas bien saisi leurs rôles qui
consiste essentiellement à adapter chaque armée pour la rendre capable de fournir au Président de la République et au Gouvernement les moyens de la mise en pratique de la politique militaire
définie, qui pourrait être définie comme suit :
« Etant donné la construction européenne, il existe une faible probabilité de
conflits entre les Etats européens et leurs voisins, par contre cette probabilité de conflits existent entre et dans les Etats découlant des colonisations ou des protectorats mis en place par les
Etats européens et spécialement la France. Ces conflits pouvant générer des troubles pour la sécurité des populations françaises y résidant, pour les investissements français et pour les
approvisionnements provenant de ces pays, il importe que le Gouvernement français dispose de moyens militaires pour faire assurer la sécurité de ces populations et la sauvegarde de tous ces
intérêts. »
Ces aspects avaient été abordés pour les Armées Françaises dans les articles de ce « Blog » publiés entre le 05/01
et le 25/02/2012 sous la forme d’une adaptation pour les opérations probables des 20 prochaines années.
2-1 Armée de Terre
2-1-1 De l’Armée de Terre actuelle et de son organisation
L’armée de terre est l'une des quatre composantes des forces armées françaises Comme les trois autres armées (la marine
nationale, l'armée de l'air et la gendarmerie nationale), elle est placée sous la responsabilité du Gouvernement.
En opération, les unités de l'armée de terre sont placées sous l'autorité du chef d'état-major de l'armée de terre (CEMAT),
qui est responsable devant le Chef d'état-major des Armées(CEMA) et le ministre de la Défense, de l'organisation, de la préparation, de l'emploi de ses forces ainsi que de la planification et la
programmation de ses moyens, équipements et matériels futurs.
Entièrement professionnalisée depuis le départ des derniers appelés en 2001, l'armée de terre compte en 2010 un effectif de
123 000 militaires d'active .
Son budget est de 8,3 Mds € en 2011.
Cette armée comprend :
- l'état-major de l'armée de terre (EMAT), qui assure la direction générale et la gestion de l'ensemble des composantes
;
- l'inspection de l'Armée de terre ;
- la direction des ressources humaines de l'armée de terre (DRHAT);
- les forces ;
- une organisation territoriale (5 régions « terre » : Île-de-France, Nord-Ouest, Sud-Ouest, Sud-Est et Nord-Est) ;
- les services ;
-les organismes chargés de la formation du personnel et de l'enseignement militaire supérieur.
Toutes ces composantes sont placées sous le commandement du chef d'état-major de l'armée de terre (CEMAT).
2-1-2 Missions probables pour les 20 prochaines années
Ainsi dans les 20 prochaines années, il ne semble pas nécessaire de prévoir de menace militaire conventionnelle, mais plutôt
de faire face au terrorisme international, à la piraterie et aux menaces pouvant être présentées par les Etats déliquescents. »
2-2 Marine
2-2-1 De la Marine actuelle
La Marine nationale est la marine militaire ou marine de guerre de la République française. C'est une des quatre composantes
de l'armée française avec l'Armée de terre, l'Armée de l'air et la Gendarmerie nationale. Sa flotte se compose de plus d'une centaine de bâtiments de surface. Elle dispose d'un porte-avions à
propulsion nucléaire et de dix sous-marins tous à propulsion nucléaire. La Marine emploie plus de 45 000 personnes. Son budget annuel total en 2008 était de 5,8 milliards d'euros.
2-2-2 Missions
Dissuasion
L'objet de la dissuasion est :
- d'empêcher une remise en cause de la survie de la France par une puissance majeure hostile ;
- de faire face aux menaces que pourraient faire peser des puissances régionales dotées d'armes de destruction massive sur
les intérêts vitaux de la France par la menace d'une frappe nucléaire de riposte.
La dissuasion nucléaire est le cœur de la stratégie de la défense nationale. L'objectif de la doctrine nucléaire reste
néanmoins celle du non-emploi.
Action opérationnelle
L'action opérationnelle rassemble les missions de prévention et de projection de puissance ou de forces.
Prévention
Le contrôle des espaces maritimes est fondé sur un pré-positionnement et une présence adaptés en Atlantique Nord,
Méditerranée, océan Indien, DOM, COM et ZEE.
Projection
Si les actions de préventions n'ont pu empêcher le déclenchement d'une crise, il peut être nécessaire d'intervenir.
Les principaux acteurs de ces forces de projection sont articulés autour du groupe aéronaval, du groupe amphibie, du groupe
de chasse aux mines, d'un groupe d'action maritime (une ou plusieurs frégates).
La projection peut être de deux types :- projection de forces avec mise à terre de troupes, projection de puissance sans
mise à terre de troupes.
L'action de l'État en mer. Elle consiste à assurer la sauvegarde, la
protection et la sécurité des approches maritimes du territoire national, maîtriser les risques liés à l’activité maritime (accidents de mer, pollution, souveraineté dans les DOM-TOM et dans les
ZEE…) et lutter contre les activités illicites en mer (terrorisme, narcotrafic, piraterie, transports illicites de migrants…).
2-2-3 Organisation du commandement
Commandement opérationnel
Pour les opérations relevant de l'action de l'État en mer, elles sont mises en œuvre par les 3 préfets maritimes sous
l'autorité du Premier ministre qui dispose du Secrétariat général de la mer.
Pour les opérations militaires, les forces maritimes, comme l'ensemble des forces armées, sont sous le commandement
opérationnel du chef d'état-major des armées (CEMA). Le chef d'état-major de la Marine (CEMM) est le conseiller du CEMA pour l'emploi des moyens navals et aéronavals.
Les contrôleurs opérationnels sont :
- soit, un officier général désigné pour la circonstance pour une mission particulière (opérations lourdes en général)
;
- soit, de manière permanente, les commandants de zone maritime qui assurent le contrôle opérationnel des forces déployées
dans leur zone de compétence: le commandant de la zone maritime Atlantique (CECLANT), le commandant de la zone maritime Méditerranée (CECMED), le commandant de la zone maritime Manche et Mer du
Nord (COMAR MANCHE), les commandants de zones maritimes Antilles, Guyane, Océan Indien et Océan Pacifique .
- soit, pour le déploiement des SNLE, le commandant de la Force océanique stratégique (ALFOST).
Commandement organique
Comme les autres chefs d'état-major d'armées, le chef d'état-major de la Marine (CEMM) est responsable devant le CEMA et le
ministre de la Défense de l'organisation, de la préparation, de l'emploi de ses forces ainsi que de leur programmation.
Ces forces sont divisées en quatre grandes composantes : la force d'action navale (FAN), les forces sous-marines (FSM),
l'aviation navale (AVIA), la force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO).
2-2-1 Missions probables et Adaptation des forces navales et
aéronavales
Des Forces sous-marines
De la FOST et des SNLE
L’arme nucléaire devenant une source d’instabilité destructrice pour la planète, nous pensons que les refontes M45 à M51
devraient être abandonnées pour les SNLE après « Le Terrible ».
Pour se prémunir de risques de mouillage de mines sur les voies d’accès à l’Ile Longue, il conviendra de maintenir à Brest un
couple de chasseurs de mine.
Des Sous-Marins d’attaque
Les sous-marins nucléaires d'attaque sont des sous-marins à propulsion nucléaire. Les SNA sont destinés à des missions de
protection et de projection de puissance.
Dans la perspective actuelle de la politique de défense française, les seules missions à conserver seraient :
- Lutte anti - navire : soit en mission de protection d'un groupe de surface, ou en mission offensive : blocus naval,
stratégies d'interdiction.
- Renseignement : interception électronique, prises de vues optiques et infra-rouge discrètes.
Les Forces de Surface
Le Groupe aéronaval est composé du PA et des unités de l’aviation
embarquée.
En fait ces dernières années le Groupe aéronaval n’a été utilisé que pour apporter aux opérations terrestres l’appoint de son
aviation embarquée en complément des formations de l’armée de l’air.
Le groupe amphibie composé des bâtiments projection et de commandement (BPC), les
transports de chalands de débarquement (TCD).
C’est très probablement ce groupe qui sera le plus utile dans ces 20 prochaines années pour mettre en place les unités de
l’Armée de Terre chargées de protéger nos expatriés et de maintenir nos intérêts à l’étranger.
Les différentes classes de Frégates
Il convient de noter que dans les 20 prochaines années, elles auront les charges du maintien de la présence française sur les
mers pratiquées par la Marine Nationale, c’est dire la partie occidentale de l’Océan Atlantique Nord et Sud, la Mer Méditerranée d’Ouest en Est et les mers adjacentes, et ses Bassins
environnants, la mer Rouge, le Golfe d’Aden et la partie occidentale de l’Océan Indien.
En dehors d’un effet de présence, ce maintien permet d’avoir connaissances des activités exercées dans ces zones : activités
licites et illicites.
Les missions des navires opérant dans ces zones seraient :
- d’une part avoir une bonne connaissance des activités maritimes s’y exerçant tel le transport maritime, la pêche et la
piraterie.
- d’autre part intervenir contre cette piraterie par des actions coordonnées par un centre opérationnel adapté.
Il apparaît donc que pendant les 20 prochaines années un grand nombre de ces frégates sera à remplacer et pour le faire nous
estimons que le projet de DCNS du patrouilleur « Adroit » paraît le mieux adaptés aux missions qu’auront à assurer ces navires dans la sécurisation du trafic maritime et la lutte contre la
piraterie.
Les unités navales de lutte contre les mines
Considérant que les chasseurs de mines peuvent être utilisés ponctuellement, pour identifier des objets douteux ou préciser
les caractéristiques d'un objet posé sur le fond, ou situé entre deux eaux, ils pourraient être utilisés :
- d’une part contre les seules menaces par mines « marine » qui nous semblent pouvoir provenir d’actes de terrorisme dans la
Mer Rouge et le Golfe d’Aden. Pour être capables de faire face à de tels actes il nous semble suffisant que la Marine dispose dans sa base la plus voisine de ces zones, par exemple à Toulon de 2
Chasseurs CMT.
- d’autre part pour s’assurer de la clarté des voies d’accès à l’Ile Longue en maintenant à Brest 2 Chasseurs
CMT.
Les Forces Aéronavales comprennent actuellement:
- Le Groupe aérien embarqué composé de 27 Super-Etendard Modernisés, de 30 Rafales, 3 Hawkeye.
- l’Aviation de patrouille maritime composée de 22 Atlantique 2,
- l’Aviation de surveillance maritime composée de 5 Falcon 200 et 4 Falcon 50
- les flottilles d’hélicoptères de combat et de sauvetage composées de 22 Lynx, 16 Panther, de 3 Dauphin, 6 Caïman.
- les flottilles de soutien maritime composées de 25 Alouette III, de 6 Falcon 10, de 11 Xinqu.
Par contre la surveillance aérienne maritime nous paraît de plus en plus nécessaire en complément de celle assurée par les
frégates.
Il apparaît que les Bréguet Atlantiques sont en service depuis 1971 et qu’il conviendrait de les remplacer.
Ces aéronefs avaient été à l’origine conçus uniquement pour la lutte anti-sousmarine, ils n’ont été qu’ensuite utilisés que
pour la surveillance maritime dans laquelle ils seront révélés excellents.
La mission de lutte anti-sousmarine n’étant plus une des missions principales de l’aéronautique navale, nous recommandons de
remplacer les « Atlantiques 2 » par des « Falcon Gardian » spécialement adaptés à la surveillance aérienne maritime en prenant des disposions pour augmenter leur autonomie.