Paris le 30/09/2012
DES FORCES ARMEES ET DE LA MARINE
AVANT L’ADOPTION DU CONCEPT
« INTER-ARMEES »
Avant-propos
A son avènement comme Président de la République Mr Nicolas Sarkozy, dont l’hyperactivité était ignorée à l’époque, a voulu
l’exercer sur les Armées Françaises dont il était constitutionnellement le chef.
Ce faisant il a imaginé qu’en le réunissant dans une structure unique il en réduirait les coûts de fonctionnement sans
réduire leur efficacité.
Ce en quoi il apparaît qu’il s’est trompé et c’est ce que nous tenterons de montrer dans les articles qui suivent.
Nous avions déjà manifesté nos points de vue dans des précédents articles de ce « Blog » parus entre le 22/11/2009
et 05/04/2010 nous avions qualifié cette initiative de « Fausses bonnes idées ». Dans les articles qui suivent nous voudrions analyser plus en détail les raisons de ces dérives qui nous
paraissent provenir des situations suivantes :
- une prépondérance d’effectifs de l’armée de terre sur ceux des autres armées
lui permettant d’occuper de nombreux postes dans l’organisation,
- une importance trop grande de l’Etat-Major des armées par rapport aux Etats-Majors de chacune des armées,
- une importance trop grande du Secrétariat Général de l’Administration, constitué de personnel civil et par essence
incompétents dans les domaines militaires, par rapport aux Etats-Majors des Armées constitués de personnels militaires.
- des concepts comme celui des bases de défense. Concept préconisé par des collaborateurs civils du SGA mal conseillés par
certains officiers terre alors que le CEMAT y est opposé pour de nombreuses raisons exposées dans son audition du 12/07/12 par la commission de la Défense nationale et des forces
armées .
A titre indicatif il est donné ci-dessous les effectifs des armées en 2011 et pour monter l’importance de l’armée de terre
par rapport à celles des deux autres armées.
Armées
100%
|
Effectifs militaires
228 656
|
Officiers
15,9%
|
Sous-officiers
45,0%
|
Hommes du rang
37,8%
|
Réservistes-Volontaires
|
Terre
53,5%
|
142 182
|
16 035
|
42 724
|
65 356
|
16 987
1 080
|
Marine
16,9%
|
39 400
|
5 100
|
25 640
|
8 660
|
|
Air
21,8%
|
51 500
|
7 400
|
29 400
|
14 400
|
|
Importance que cette dernière trouve normal puisque l’ASAF s’intitule « Association de Soutien à l’Armée
Française », intitulé que nous avions demandé récemment de modifier en « Association de Soutien aux Forces Armées Françaises », mais cette modification a été refusée par son
Président, Général de l’Armée de Terre.
Il serait naturellement souhaitable de reprendre tous les arguments exposés dans les articles précités et s’opposant au
concept « Inter - armées » mais pour renforcer cette opposition nous préférons dans un premier article reproduire des extraits des articles « De l’interarmées Suite 1 et 2 »,
publiés le 20/12/09 et le 28/01/10.
1- ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE
LA MARINE DEPUIS LES DEUX DERNIERES GUERRES MONDIALES (1914-1918 et 1939-1945) ET LES CONFLITS COLONIAUX
1-1 Aperçu sur l’ouvrage « Questions
D’Etat-Major » de l’Amiral Raoul Caste
L’ouvrage est divisé en plusieurs chapitres, nous n’en avons retenu que les trois
suivants :
-le chapitre I : les principes d’organisation,
-le chapitre V : la vie intérieure d’un état-major,
-le chapitre VII : le ministère de la marine pendant la guerre de 1914.
Les principes d’organisation
L’auteur y présente ces principes autour des idées fondamentales suivantes : le
commandement, les aides du commandement, les deux manière d’aider le commandement, la base organique de l’Etat-Major, la base organique des services.
Dans le sous-chapitre « commandement », il fait remarquer d’une part la
responsabilité et le pouvoir de décision du Chef et d’autre
part la nécessité de le faire aider dans ses différentes tâches par un Etat-Major.
Dans le sous-chapitre « les aides du commandement,» il note que pour l’aider le chef peut
faire appel à deux systèmes :
- soit au système des comités ou commissions, système non valable parce que sans responsabilité
et disparaissant au moment de la décision.
- soit au système des conseillers, bien que permanent système également non valable à
cause de leur tendance à se substituer au chef.
Dans le sous-chapitre « les deux manière d’aider le commandement », il distingue
d’une part la manière dont le chef veut utiliser les hommes et le matériel, c’est l’objectif auquel correspond l’état-major, d’autre part la manière dont il préparera les hommes
et le matériel, c’est le subjectif auquel correspondent les
services.
Dans le sous-chapitre chapitre « la base organique de l’Etat-Major» il fait remarquer ses
trois finalités : Savoir-obtenir les renseignements nécessaires sur l’ennemi,
Vouloir-combiner les plans d’opérations,
Pouvoir-exécuter les plans d’opérations en organisant les moyens en hommes et matériels.
Subsidiairement il note que le commerce et l’industrie n’échappent pas à ces règles et tout
état-major qu’il soit militaire ou civil doit comprendre : un organe de renseignements, un organe d’opérations, un organe d’organisation.
Dans les états-majors militaires, ces organes sont constitués par des bureaux ou des
sections selon la nomenclature suivante :
-1er bureau – Organisation,
-2ème bureau – Renseignements,
-3ème bureau – Opérations.
A l’époque le 4ème Bureau n’existait que dans l’Armée de
Terre.
Dans le sous-chapitre « la base organique des services », il indique qu’ils seront
identifiés par la nature des services qu’ils doivent rendre, tels les suivants : personnel militaire, constructions navales, artillerie, travaux hydrauliques, intendance, santé, aéronautique, communications ,
etc..
La vie intérieure d’un
état-major
L’auteur y défini dans leurs grandes lignes les rôles du Chef d’Etat-Major, des bureaux et fait
des recommandations pour éviter des travers de fonctionnement.
Concernant le Chef d’Etat-Major, il indique que ce dernier est n’est ni au dessus ni au dessous
du CHEF mais à côté de lui. Il en est de même pour les Sous - Chef d’Etat-Major..
Il indique comme règle fondamentale du travail en état-major « le travail en commun » et s’i il y a un partage en « bureaux » et la répartition des attributions qui en est la conséquence, celle-ci ne doit impliquer
aucune cloison étanche entre eux.
Concernant les Services, il distingue les
« Petits services » des « Grands services ». Les petits services sont ceux liés directement à l’activité de l’état-major alors que les grands services sont liés à l’état-major
et à l’industrie et au commerce.
1-2 Période concernée par le présent
paragraphe
Elle va du début du siècle aux premières années du siècle suivant. En effet ce début du XXI ème
Siècle voit en Mai 2005 commencer à faire apparaître des modifications importantes sur les rôles respectifs du Chef d’Etat-Major des Armées et de ceux des Chefs d’Etat-Major de chaque armée,
impliquant d’importants changements dans leurs commandements et les organisations de leurs respectives armées.
Concernant la Marine, au cours de cette période de nombreux évènements ont eu lieu qui auraient
pu remettre en question les principes établis par l’Amiral Raoul CASTEX. Cependant il n’en a rien été et seules des adaptations liées aux types de conflits et à l’arrivée de nouveaux moyens
militaires ont eu lieu sans détériorer les principes eux-mêmes.
Les principaux évènements de la période sont :
-les conflits mondiaux de 1914-1918 et 1939-1945 qui ont entraîné l’apparition de nouveaux
moyens militaires,
-les expansions à caractère colonial en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest, au Moyen
Orient, dans la Corne d’Afrique, en Indochine, en Océan Indien et en Océan Pacifique. Ces expansions ont entraîné une répartition de nouvelles zones de commandements maritimes et la création de
nouvelles bases navales.
Au début de cette période, il n’était pas apparu nécessaire de mettre en place un Etat-Major
des Armées. Lorsqu’une coordination entre celles-ci était nécessaire, soit elle était assurée au niveau du Ministre, soit au niveau d’un Commandant en Chef désigné par le
gouvernement.
Un Etat-Major des Armées a commencé à être mis en place à la « Libération » pour
pouvoir discuter avec les Alliés qui disposaient d’une structure analogue. Son premier chef a été le Général Ely, Mr Michelet étant Ministre des Armées.
1-3 Du Commandement et de l’organisation de la Marine
en 1975
1-3-1 Chaînes de
Commandement.
Selon les principes établis par l’Al Castex, le commandement des éléments de la Marine s’exerce
à travers deux chaînes distinctes :
-le commandement opérationnel duquel relève la conduite de l’action militaire,
-le commandement organique duquel relève la conception des moyens militaires, leur réalisation,
et leur entretien.
Pour pouvoir exercer le commandement organique, le
territoire national est divisé en Régions Maritimes dirigées chacune par un Préfet Maritime : pour la Manche la 1ère Région par PREMAR I à Cherbourg ,
pour l’Atlantique la 2ème Région par PREMAR II à Brest, pour la Méditerranée la 3ème Région par PREMAR III à
Toulon.
1-3-2-Du Commandement de la Marine
Elle est commandée et dirigée par l’Amiral Chef d’Etat-Major de la Marine (CEMM) qui est
assisté dans ses fonctions par l’Etat-Major de la Marine (EMM) et par un Cabinet.
1-3-3-De
l’organisation et du fonctionnement de l’EMM
L’EMM actionne par ses « divisions », regroupant les différents bureaux, d’une part
les deux chaînes de commandement, opérationnel et organique, et d’autre part les Directions Centrales, les Services Centraux et les Directions Techniques.
Sous les ordres du Major Général les divisions sont regroupées sous les ordres de quatre
Sous-Chefs d’Etat-Major (SCEM), officiers généraux, et de deux Capitaines de vaisseau chefs de division. Les divisions regroupent les différents bureaux spécialisés de l’EMM
Sous la direction du S/CEM Plans, la Division « Plans-Programmes » comprends les
bureaux : Plans-Programmes, Etudes Générales, Finances-Budgets.
Sous la direction du S/CEM Ops, la Division « OPS-REN» comprends les bureaux :
Renseignement, Opérations, OTAN.
Sous la direction du S/CEM Mat, la Division « Matériel» comprends
- d’une part sous les ordres d’un 1er Adjoint les
bureaux : Flotte en construction, Armes de Surface, Armes sous-marines, Guerre des mines, Affaires Internationales.
- d’autre part sous les ordres d’un 2ème Adjoint les
bureaux : sous-marins, Coelacanthe.
Sous la direction du CV Chef de la Division TER, la Division TER » comprends les bureaux :
Transmissions-Chiffre, Détection Electromagnétique, Détection Sous-Marine.
Sous la direction du CV Chef de la Division Log, la Division « Log » comprends les
bureaux : Entretien Flotte, Infrastructures.
Sous la direction du S/CEM Aéro la Division « Aéro» comprends les bureaux : Aéro,
Service central aéro.
1-3-4 Des forces
navales et aéronavales
Ces forces constituent à la fois l’ossature de la Marine et sa raison d’être. Elles sont
déployées sur les deux façades maritimes de la façon générale suivante :
- Les Forces de Surface en deux groupes de navires : l’un à Brest, l’autre à Toulon. La
composition de ces groupes est plus ou moins importante et peut varier selon les contraintes opérationnelles du moment. L’un de ces groupes peut comprendre un ou deux Porte-Avions.
- Les Forces sous-marines comprennent d’une part la FOST basée à l’Ile Longue et d’autre part
les Sous-Marins d’attaque basés à Toulon.
- Les Forces de surface de Région, réparties entre Toulon et Brest, comprennent les Forces de
Guerre des Mines, les navires des Ecoles, les navires des missions hydrographiques et les navires de servitude ou d’expérimentation.
- Les Forces aéronavales comprennent des aèronefs à voilures fixes et des aéronefs à voilures
tournantes. Ces forces sont en Flotilles spécialisées selon leurs missions : Flotilles de Surveillance Martime, Flotilles embarquées sur Porte-Avions (chasse, assaut en mer et au sol) et
Flotille de servitude. Ces Flotilles sont déployées sur les BAN de Lann Bihoué, de Lanvéoc-Poulmic, de Landivisiau pour la façade atlantique, sur les BAN de Hyères et de Nimes-Garons pour la
façade méditerranéenne.
1-3-5 Des Directions techniques et des services centraux
- la Direction
du personnel de la Marine
- la Direction technique des Constructions et Armes navales avec :
-d’une part le Service Technique de Constructions et Armes Navales à Paris, chargé de spécifier
soit à l’industrie d’armement soit à ses propres chantiers les nouveaux moyens, définis opérationnellement par les bureaux de l’EMM.
-d’autre part les établissements soit dans les ports (Dcan Cherbourg, Dcan Brest, Dcan Lorient,
Dcan Toulon) principalement chargés de la réalisation des navires, de l’entretien de la Flotte et d’assurer par des antennes et des laboratoires spécialisés les soutiens d’études techniques, soit
à l’extérieur des ports (Ruelle, Indret) principalement chargés de réalisation d’armes ou d’équipements spécifiques.
- la Direction du Service
hydrographique
- la Direction du commissariat de la
marine
- la Direction
du Service de santé des armées
- la Direction des travaux maritimes et
immobiliers
- le Service technique des
transmissions
1-3-6 Interfaces entre la Direction technique des Constructions et Armes navales et les bureaux de l’EMM
- les commissions d’études
pratiques : En effet s’il appartient à l’EMM d’exprimer les besoins opérationnels par des spécifications opérationnelles et de les programmer
financièrement, par contre il appartient aux ingénieurs de cette direction d’étudier leur faisabilité technique et d’établir les spécifications techniques destinées aux
réalisateurs.
1-3-7 Organismes opérationnels décentralisés dans les
ports - Le centre d’entrainement de la flotte
Lorsque après le dernier conflit, la Marine s’est reconstituée les enseignements de ce conflit avait montré
qu’il était nécessaire de maintenir l’entraînement des unités (personnels et matériels) dans les disciplines suivantes qui apparaissaient fondamentales pour les forces navales à l’époque :
lutte anti sous-marine, défense aérienne, lutte de surface, guerre des mines.